Vers une meilleure compréhension des troubles du sommeil dans les maladies psychiatriques.

« Un nouveau marqueur reliant humeur et sommeil : le transporteur vésiculaire du glutamate VGLUT3.»

 

Porteurs du projet : FABRE Véronique – Neuroscience Paris Seine

Subvention attribuée par la FRC : 50 000 €

 

Certains troubles du sommeil (insomnie, hypersomnie, instabilité des rythmes veille/sommeil) sont fréquemment associés à des maladies psychiatriques telles que la dépression ou les troubles bipolaires. Cependant, les mécanismes neuronaux qui sous-tendent les liens sommeil/humeur restent mal caractérisés. Jusqu’à présent, un rôle prépondérant a été attribué aux neurones produisant de la sérotonine (messager chimique du système nerveux). La découverte récente que ces neurones peuvent être « bilingues » car libérant également du glutamate – le neurotransmetteur excitateur majeur du système nerveux central – ouvre de nouvelles perspectives pour appréhender les processus neuronaux qui sous-tendent la régulation conjointe de l’humeur et du sommeil. Ce « bilinguisme » est exclusivement lié à la présence d’un transporteur spécifique, dénommé VGLUT3. Ce projet vise à mieux appréhender le rôle de ce « bilinguisme » des neurones dans la régulation conjointe de l’humeur et du sommeil.

L’équipe de recherche va ainsi évaluer les conséquences sur le sommeil et sur ce comportement d’un déficit de libération du glutamate par ces neurones « bilingues ». Une fois cette première partie réalisée, les chercheurs pourront procéder à une identification anatomique des circuits neuronaux impliqués.

L’objectif de ce projet est de contribuer à une meilleure connaissance des mécanismes en cause dans les troubles du sommeil en relation avec des désordres psychiques. Un volet important de ce projet est consacré à l’étude du transporteur VGLUT3 chez l’Homme. L’hypothèse est que des mutations de ce gène puissent être associées à des perturbations du sommeil chez des patients présentant des troubles de l’humeur, tels les bipolaires. En effet, la majorité des patients bipolaires présentent des changements dans leur sommeil et leurs rythmes circadiens qui sont étroitement associés aux fluctuations de leur humeur. En particulier, le temps et le besoin de sommeil sont moindres pendant les phases maniaques, alors que des anomalies du sommeil paradoxal (au cours duquel intervient l’essentiel des rêves) s’observent aussi bien pendant ces phases maniques que lors des épisodes de dépression. Grâce à cette étude génétique, l’équipe du Dr Fabre espère apporter de nouvelles données concernant l’implication du glutamate dans la régulation du sommeil et des rythmes circadiens chez l’Homme.

A terme, cette recherche devrait permettre d’évaluer l’importance fonctionnelle de « bilinguisme » des neurones à sérotonine dans les altérations du sommeil et des rythmes circadiens chez les patients bipolaires, voire de proposer de nouvelles stratégies pour leur traitement.

Ce projet s’articule autour d’une collaboration entre l’équipe du Dr Véronique Fabre du laboratoire Neuroscience Paris Seine et les équipes des Dr Bruno Etain et Stéphane Jamain du laboratoire Psychiatrie Translationnelle de l’Institut Mondor à Créteil.

 

Véronique Fabre est Chargée de Recherche INSERM au sein de l’Équipe « Systèmes glutamatergiques normaux et pathologiques » de l’unité Neuroscience Paris Seine. Après une thèse de doctorat portant sur une protéine cible des antidépresseurs réalisée à l’Université Pierre et Marie Curie, elle a rejoint le Scripps Research Institute en Californie pour aborder les mécanismes de régulation de l’éveil et du sommeil lors un stage post-doctoral. Depuis, ses travaux visent à identifier les populations neuronales et les mécanismes qui sous-tendent la régulation conjointe de l’humeur et du sommeil grâce à l’étude de modèles expérimentaux.

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