Les actualités autour de la schizophrénie

La schizophrénie est une maladie psychiatrique très complexe dont les symptômes peuvent être très différents d’un patient à l’autre. Schématiquement, elle se caractérise par une perception perturbée de la réalité, des idées délirantes ou des hallucinations, mais aussi un isolement social et des troubles cognitifs*. Environ 600 000 personnes sont concernées en France, soit un Français sur 100. Les causes de la schizophrénie seraient multiples, incluant une vulnérabilité génétique précipitée par des facteurs environnementaux, comme un stress psychologique ou l’usage de substances psychogènes au cours de l’adolescence.

Les recherches se tournent actuellement vers un meilleur diagnostic de la maladie, l’identification de marqueurs prédisant son évolution ainsi qu’une meilleure compréhension des facteurs de risque et des anomalies cérébrales dans le but de trouver de nouvelles cibles thérapeutiques.

*Site de l’INSERM

 

  • Octobre 2024 : Que se passe-t-il dans le cerveau d’un patient schizophrène lorsqu’il « entend des voix » ?

L’hallucination auditive est un symptôme retrouvé dans plusieurs pathologies psychiatriques telles que la schizophrénie, le trouble bipolaire mais aussi dans plusieurs pathologies neurologiques telles que les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. Comment expliquer ce symptôme ?

Selon une récente étude publiée dans la revue PLOS Biology, deux mécanismes seraient responsables de ce symptôme. Les chercheurs les ont déterminé en analysant des électroencéphalogrammes (EEG) de deux groupes de patients schizophrènes: un groupe présentant des hallucinations auditives et un autre n’en présentant pas. Ces patients ont réalisé une tâche qui consiste à prononcer une syllabe.

Selon cette étude, le premier mécanisme défaillant est la décharge corolaire : il s’agit d’un signal neuronal  envoyé à notre cerveau qui aide à atténuer les sensations provenant de nos propres actions. Ainsi , par exemple, c’est ce qui permet de diminuer la sensibilité auditive de notre propre voix pour éviter qu’on ne la perçoive comme extérieure.

De plus, lorsque l’on s’apprête à parler, le cerveau peut anticiper le son que l’on va produire, grâce à ce qu’on appelle une « copie d’efférence ». Or chez les patients présentant des hallucinations auditives, la copie d’efférence serait imprécise c’est-à-dire que le cerveau anticiperait et réagirait davantage à des sons différents de ceux qui sont sur le point d’être effectivement émis. Il s’agit du deuxième mécanisme impacté.

Autrement dit le cerveau amplifierait des sons internes plus qu’il ne le devrait et ne supprimerait pas le son de leur propre voix, provoquant des hallucinations auditives. Ainsi, les résultats suggèrent que des défauts dans la façon dont le cerveau traite les informations entre le mouvement et les sensations pourraient expliquer ce symptôme.

Sources :
PLOS. « What happens in the brain when a person with schizophrenia ‘hears voices’?. » ScienceDaily, 3 October 2024.
“Impaired motor-to-sensory transformation mediates auditory hallucinations”. Fuyin Yang et al. PLOS Biology, 2024; 22 (10): e3002836

 

  • Février 2024 : Mise au point d’un test sanguin potentiel grâce à l’étude de biomarqueurs

Les biomarqueurs sont des indicateurs biologiques objectifs et mesurables qui permettent de caractériser l’état physiologique, pathologique ou pharmacologique d’un organisme.

Dans une récente étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry, des chercheurs américains ont identifié des biomarqueurs sanguins permettant d’évaluer la gravité de la schizophrénie que subit un patient ainsi que le risque de futures hospitalisations psychiatriques. Les scientifiques ont également observé que certains de ces biomarqueurs étaient des cibles des médicaments existants. Ainsi, ce test permettrait ainsi d’améliorer le diagnostic de la maladie mais également d’orienter les patients vers les traitements les plus efficaces en fonction de leur biologie. Afin d’arriver à ces résultats, les chercheurs ont suivi des patients présentant des maladies psychiatriques pendant plus d’une décennie leur permettant d’identifier des biomarqueurs sanguins prédictifs des états sévères d’hallucinations et de délires. Un des auteurs, Alexander Niculescu, a déclaré que les biomarqueurs identifiés étaient plus fiables que les échelles standard utilisées pour évaluer une personne souffrant d’hallucinations ou de délires. Ce test de biomarqueurs pourrait ainsi permettre une meilleure objectivité et réduire l’incertitude des évaluations psychiatriques.

En outre, l’étude de ces biomarqueurs a permis de mettre en évidence des mécanismes biologiques en lien avec les hallucinations et les délires, faisant avancer la recherche sur les maladies psychiatriques.

Sources :
New Blood Test Breakthrough for Schizophrenia Management, Neurosciences news, Février 2024
«Precision medicine for psychotic disorders: objective assessment, risk prediction, and pharmacogenomics », Alexander Niculescu et al. Molecular Psychiatry

 

 

  • Juin 2022 : une cause auto-immune de la maladie ?

Selon une nouvelle étude effectuée par des chercheurs de l’Université de Tokyo Medical and Dental, la schizophrénie aurait en partie une cause auto-immune. Ces scientifiques auraient en effet identifié un auto-anticorps chez un petit nombre de patients atteints de schizophrénie, c’est-à-dire un anticorps capable de se lier à une protéine de son propre organisme, plutôt qu’à un corps étranger. Après injection dans le cerveau de souris, ils ont pu observer que cet auto-anticorps nommé NCAM1 entraîne des comportements de type schizophrénique. Notamment, les souris présentaient des troubles cognitifs et des modifications de la régulation du réflexe de sursaut, deux phénomènes observés dans d’autres modèles animaux de schizophrénie. Les chercheurs ont également remarqué des modifications dans le cerveau, à savoir une réduction de synapses et d’épines dendritiques, des structures importantes pour les connexions entre les cellules du cerveau et également affectées dans la schizophrénie. Si cela se confirme, cette étude pourrait conduire à des améliorations importantes dans le diagnostic et le traitement de cette pathologie.  

SourceNew Evidence for an Autoimmune Cause of Schizophrenia. Neuroscience News, 6 juin 2022.

 

Rédaction : Céline Petitgas, chargée des actions scientifiques de la FRC.

La schizophrénie

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