Modulation du rythme cardiaque par le toucher dans les troubles autistiques

Titre du projet : Physiopathologie de la modulation du rythme cardiaque par le toucher affectif dans les troubles du spectre autistique

Porteur du projet : Emmanuel BOURINET – Institut de Génomique Fonctionnelle (IGF – Montpellier)

Montant : 80 000 €

« Le financement obtenu est une première étape pour des projets de plus grande ampleur de type PRC ANR,  et il va nous permettre d’obtenir les premières preuves de concepts sur nos hypothèses de travail. L’obtention du financement est un coup d’élan indéniable pour le projet dans son ensemble. A titre personnel, je souhaite que ce projet puisse aboutir dans son versant clinique. C’est sans aucun doute un aspect critique pour appliquer les résultats obtenus sur des animaux modèles à la situation chez l’homme » – Emmanuel Bourinet

 

Descriptif du projet :

Le sens du toucher permet à chacun de naviguer dans son espace social. Tout au long de la petite enfance, le toucher est le principal mode de communication pour les jeunes enfants car ils l’utilisent pour transmettre des émotions. La première étape du traitement du toucher social dans le cerveau est assurée par une classe unique de fibres sensorielles, les C-LTMR, qui innervent la peau. Dans un dialogue étroit avec les organes internes, la stimulation des fibres du toucher sert de médiateur pour les réactions autonomes, notamment la bradycardie et la réduction de la pression sanguine associant les sensations intéroceptives (c’est-à-dire la capacité à ressentir les états internes du corps) à l’éveil du toucher. Les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) présentent des sensibilités tactiles altérées ainsi qu’une combinaison de problèmes de régulation de l’éveil incluant une réduction de la variabilité du rythme cardiaque. De telles observations suggèrent que les personnes présentant un plus grand nombre de traits liés à l’autisme ont des troubles du traitement extéroceptif et intéroceptif du toucher affectif.

 

Ce projet vise à étudier comment les neurones sensoriels spécifiques du toucher plaisant (les C-LTMR) façonnent le cerveau social en lien avec l’intéroception. L’équipe déchiffrera comment les C-LTMRs communiquent avec les organes internes et contribuent en particulier à la variabilité du rythme cardiaque. Ils utiliseront pour cela des modèles murins où il est possible d’activer ou d’inhiber à distance et de manière sélective ces neurones tout en surveillant le rythme cardiaque en continu. L’exploration des comportements sociaux utilisera un système permettant d’annoter automatiquement les interactions sociales de souris adultes en groupe sur plusieurs jours, tout en réalisant un suivi télémétrique continu de l’électrocardiogramme. Dans un second temps, les chercheurs appliqueront cette manipulation sélective des C-LTMR à un contexte pathologique mimant une forme congénitale humaine de TSA pour fournir la preuve que la modulation des C-LTMR peut remédier au comportement asocial et aux défauts de la variabilité du rythme cardiaque. Ces investigations constitueront la première étape avant une étude clinique parallèle sur une cohorte de patients atteints de TSA.

 

L’intérêt de cette étude est de démontrer l’importance du toucher plaisant dans la protection du cerveau et des organes internes contre les dysfonctionnements autistiques. Elle offrira des perspectives cliniques intéressantes pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le traitement des troubles du spectre autistique, et plus largement des troubles neurodéveloppementaux.

 

L’équipe du Dr. Emmanuel Bourinet sera assistée de l’équipe du Dr. Matteo Mangoni (IGF, Montpellier), spécialiste de la physiopathologie du rythme cardiaque et de l’équipe du Pr. Amaria Baghdadli (CHU, Montpellier), experte des troubles du spectre autistique.

 

Emmanuel Bourinet est Directeur de Recherche CNRS à l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier. Il y dirige l’équipe « Dynamique des canaux calciques et douleur ». L’objectif de ses travaux de recherche est d’étudier le développement des douleurs chroniques grâce à l’utilisation de modèles précliniques de souris génétiquement modifiées, ainsi qu’à l’étude des neurones sensoriels humains dans un contexte clinique.

Le centre de recherche

Ce projet est issu d’une équipe de l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier.

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