L’hypnose au service de la chirurgie éveillée du cerveau, première étude française au CHU de Tours
Une équipe de l’hôpital Bretonneau a remplacé l’anesthésie générale par l’hypnose dans l’opération de certaines tumeurs cérébrales, une première au CHRU de Tours.
La sortie mi-janvier, du livre « l’erreur de Broca » du Professeur Hugues Duffeau, Neurochirurgien au CHU de Montpellier, initiateur en France de la chirurgie éveillée classique pour traiter les tumeurs cérébrales en évitant les séquelles cognitives, est suivie par l’annonce d’une première étude médicale française réalisée au CHU de Tours. Il s’agit d’utiliser la technique de l’hypnose pour opérer les patients atteints de gliome (tumeur cérébrale infiltrante) en complément de la chirurgie éveillée. C’est le Docteur Ilyess Zemmoura, Neurochirurgien au CHU de Tours, qui a réalisé l’intervention sur un patient actif et motivé, dont le degré d’hypnotisabilité a été validé préalablement à l’opération. En fait, avant l’intervention, une consultation avec l’anesthésiste permet de définir l’histoire personnalisée du patient, ses loisirs, ses habitudes de vie. L’anesthésiste décrira cette histoire au fil de l’intervention, pour plonger le patient en état d’hypnose. Sous hypnose, des piqûres d’anesthésie locale sont réalisées, puis suit l’opération chirurgicale. Dans les questionnaires post-opératoires, les bruits et les vibrations étaient décrits comme les éléments les plus gênants de l’intervention. L’ablation de la tumeur est faite en interaction avec les réactions du patient pour protéger les réseaux neuronaux toujours fonctionnels. Cette étude réalisée sur 37 patients atteints d’un gliome et ayant subi une craniotomie sous hypnose, a montré que l’hypnose était possible et a démontré que les résultats étaient conformes à ceux de la littérature, validant l’efficacité de l’hypnose sur ce type de chirurgie. Des tests mesurant le stress ont confirmé que cette expérience était bien vécue par la majorité des patients. L’hypnose a permis à la majorité des patients de recouvrer une vigilance normale très utile à la fiabilité des tests lors de la chirurgie. D’autre part, l’hypnose répond à la problématique des patients atteints de gliomes qui présentent des contre-indications anesthésiques telles que les personnes âgées, ou celles qui ont des problèmes d’obésité.
Rédaction: Nathalie SELLIER, spécialiste veille scientifique
Publication: FRC
Source: « Hypnosis for Awake Surgery of Low-grade Gliomas: Description of the Method and Psychological Assessment » – Zemmoura, Ilyess ; Fournier, Eric ; El-Hage, Wissam ; Jolly, Virginie ; Destrieux, Christophe ; Velut, Stéphane. Neurosurgery, January 2016, vol78(1)p53–61.
La mise sous hypnose intervient avant tout acte de chirurgie. Elle est employée sur des patients auxquels la chirurgie éveillée aurait de toute façon été proposée.
(Photo CHRU de Tours)