La huntingtine, un rôle clé dans l’assemblage du cortex cérébral
La huntingtine, protéine dont la mutation est associée à la maladie de Huntington, s’avère jouer un rôle important au cours du développement cérébral. Elle influence la migration des neurones nouvellement générés dans le cortex mais également leur morphologie.
La huntingtine joue un rôle important au cours du développement cérébral. Lorsque cette protéine contient la mutation responsable de la maladie de Huntington, son rôle est altéré. L’équipe du Dr. Sandrine Humbert, de l’Institut des Neurosciences de Grenoble, s’est intéressée à la fonction de cette protéine au cours du développement embryonnaire d’un modèle murin. Les résultats de leur étude, publiée en Janvier 2017, suggèrent que des anomalies seraient présentes dans le cerveau des patients atteints de la maladie de Huntington bien avant l’apparition de leurs premiers symptômes.
La huntingtine, une protéine essentielle à l’assemblage du cortex cérébral
La maladie de Huntington est caractérisée par la dégénérescence de certains neurones du cerveau, en particulier ceux du striatum et du cortex, la région la plus externe du cerveau. Cette maladie neurologique héréditaire se manifeste à l’âge adulte, mais de plus en plus d’évidences suggèrent que des anomalies du développement contribueraient aux symptômes observés à l’âge adulte. La huntingtine est en effet exprimée au cours du développement embryonnaire et y joue un rôle essentiel. C’est ce que démontre l’étude menée par ces chercheurs de l’Institut des Neurosciences de Grenoble. En empêchant la production de la huntingtine normale dans le cortex, à la faveur de la version mutée de cette protéine, responsable de la maladie de Huntington, ils ont pu observer une série d’anomalies au cours du développement.
Des altérations de la migration et de la morphologie des neurones
Le cortex des mammifères est constitué de six couches de neurones, aux caractéristiques variées, dont l’assemblage est précisément régulé au cours du développement. Ces différentes couches se forment de la partie interne vers la partie externe du cortex, grâce à la prolifération et la migration des cellules nerveuses. Pour cela, les cellules subissent une transition morphologique, passant d’une forme multipolaire (en étoile) à une forme bipolaire (ovale). Or, cette étude démontre que la mutation de la huntingtine perturbe cette transition multipolaire-bipolaire nécessaire à la migration des neurones (appelés neurones de projection). Ce défaut de migration induit pendant le développement embryonnaire est maintenu et affecte la morphologie neuronale à l’âge adulte, laissant présager que l’activité de ces neurones pourrait être modifiée.
Cette étude souligne précisément comment la transition multipolaire-bipolaire des neurones de projections qui a lieu pendant la période embryonnaire influence la position des neurones mais également leur morphologie. Reste à savoir si ces anomalies du développement sont à la base de manifestations cliniques observées chez les patients atteints de la maladie de Huntington. « Chez l’homme, on peut imaginer que des mécanismes se mettent en place pour compenser ces défauts extrêmement précoces. Ces mécanismes pourraient ensuite influencer la façon dont ces défauts développementaux se manifestent à des stades plus tardifs« , suggère Sandrine Humbert.
La FRC soutient depuis plusieurs années les travaux de l’équipe du Dr. Sandrine Humbert qui visent à explorer le rôle de la huntingtine. Cette équipe a en effet bénéficié d’un financement de 30 000 € en 2007 et de 50 000 € en 2013.
► Découvrir le projet financé en 2013
Sources : Société de Neurosciences / Inserm
Référence de la publication : Barnat M, Le Friec J, Benstaali C, Humbert S. Huntingtin-mediated Multipolar-Bipolar Transition of Newborn Cortical Neurons is Critical for their Postnatal Neuronal Morphology, Neuron. 2017 Jan 4;93(1):99-114. doi: 10.1016/j.neuron.2016.11.035.
Crédit photo : Inserm/Latron, Patrice
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La FRC soutient depuis plusieurs années les travaux de l’équipe du Dr. Sandrine Humbert qui visent à explorer le rôle de la huntingtine. Cette équipe a en effet bénéficié d’un financement de 30 000 € en 2007 et de 50 000 € en 2013.
La maladie de Huntington, une maladie génétique rare
La maladie de Huntington est une affection neurodégénérative héréditaire qui entraîne une altération profonde et sévère des facultés motrices, sensorielles et cognitives. Les patients perdent progressivement leurs capacités physiques et intellectuelles, conduisant peu à peu à la perte de leur autonomie. Il s’agit d’une maladie rare, représentant environ 5 cas sur 100 000 individus. Un dépistage génétique est possible.
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