Le Neurofeedback : une nouvelle approche thérapeutique, non-médicamenteuse, pour les troubles de l’attention chez l’enfant
Mise à jour de la page : le 07/10/2021
Porteur du projet : MATTOUT Jérémie – Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL)
Titre du projet : « Évaluation clinique et neurophysiologique d’un entraînement de l’attention par interface cerveau-machine chez les enfants avec TDAH »
Subvention attribuée en 2018 : 50 000 €
Le projet bénéficie du soutien de la FONDATION GROUPE EDF.
Description du projet
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) correspond à un ensemble de symptômes pouvant regrouper l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. Ce trouble est également associé à une altération des aptitudes sociales, à un échec scolaire voire à une consommation d’alcool et drogues. Le TDA/H est un trouble neurodéveloppemental courant qui touche 3 à 5 % des enfants et 1,5% des personnes adultes. Les traitements pharmacologiques prédominant demeurent inefficaces chez environ 30 % des enfants atteints de TDA/H et leurs effets à long terme sont incertains. De plus, certains effets indésirables ont été signalés (diminution de l’appétit, insomnie). Il est donc nécessaire de développer d’autres approches qui puissent compléter voire remplacer le traitement pharmacologique.
- La technique du Neurofeedback
Une approche alternative en plein essor est celle de l’entraînement cérébral par Neurofeedback. Le but de cette technique est de permettre au patient d’apprendre à auto-réguler son activité cérébrale, ce qui, avec une pratique répétée, pourrait le soulager des principaux symptômes. Le TDA/H est le trouble le plus ciblé par les traitements de Neurofeedback aujourd’hui, mais cette approche s’applique également à une variété d’autres troubles tels que l’épilepsie, la dépression, l’autisme.
- Son application aux enfants avec TDA/H
Le projet de Jérémie Mattout vise à évaluer les effets d’un entraînement de type Neurofeedback à destination des enfants avec TDA/H. Cette approche se démarque car elle s’appuie sur l’utilisation d’un marqueur électrophysiologique (signal électrique généré par l’activité des neurones) jusqu’ici inexploité dans ce contexte : l’onde P300. Il est pertinent d’utiliser ce signal car il est spécifique de la maladie ciblée.
En partenariat avec des industriels (Blacksheep Studio, Mensia Technologies) et les Hospices Civiles de Lyon, l’équipe de Jérémie Mattout a développé un système sous forme de jeu vidéo et mis en place une étude clinique chez des enfants avec troubles de l’attention, pour évaluer l’efficacité d’un entraînement de type Neurofeedback. Pour cela, 60 enfants atteints de TDA/H suivront ce type d’entrainement avec le jeu vidéo développé par les équipes impliquées. Les chercheurs analyseront si le Neurofeedback permet une amélioration des symptômes des enfants atteints de TDA/H et détermineront si cette approche offre une réelle alternative aux traitements médicamenteux.
Voir le reportage de France 3 Rhône-Alpes sur ce projet :
Les avancées du projet
Cette étude innovante et transdisciplinaire, impliquant la recherche, les médecins et les associations de patients, visait à proposer une nouvelle approche thérapeutique, non médicamenteuse, de rééducation de l’attention chez l’enfant avec TDA/H. Dans un premier temps, les chercheurs ont vérifié que la population cible (enfants entre 8 et 17 ans) pouvait contrôler et utiliser l’interface sans aucune calibration spécifique préalable. Ils ont pu ensuite constituer divers groupes qui ont participé à l’étude pendant 4 mois, soit 35 séances d’entraînement et d’évaluation. Aucun abandon n’a été constaté, ce qui montre bien la motivation et la forte demande des familles pour cette approche novatrice mais aussi le caractère ludique et engageant de celle-ci.
Les résultats préliminaires confirment tout d’abord la pertinence d’une interface neurofeedback basée sur l’onde P300, biomarqueur de l’attention, car celle-ci est bien affectée chez les enfants avec TDA/H. De plus, les enfants ayant participé, et utilisé le neurofeedback, ont eux aussi ressenti l’effet du neurofeedback puisqu’ils ont observé une diminution de leurs symptômes d’inattention.
L’ensemble de ces résultats montrent donc le bénéfice thérapeutique de l’utilisation du neurofeedback. Cela ouvre aussi la voie à des possibilités de diagnostic et de thérapie basées sur le neurofeedback et l’onde P300 pour diverses pathologies caractérisées par un trouble de l’attention.
L’équipe a depuis entrepris des travaux d’optimisation de leur interface en vue de développer un futur dispositif médical à visée diagnostic, voire de remédiation cognitive.
« Nous sommes très reconnaissants à la FRC et à la fondation Groupe EDF pour leur confiance et leur soutien financier qui a été décisif pour mener à bien ce projet d’envergure. Ce financement est arrivé à point nommé pour faire la jonction entre une première évaluation clinique et des développements tournés vers l’applicatif. »
Les publications et communications
Plusieurs publications pour des congrès ont eues lieu sur ce projet ainsi que la thèse réalisée par Mélodie Fouillen :
Fouillen, M., Maby, E., Le Carrer, L., Herbillon, V., & Mattout, J. (2017). ERP-based BCI training for children with ADHD: motivation and trial design. 7th Graz Brain-Computer Interface Conference 2017. https://doi.org/10.3217/978-3-85125-533-1-26 .
Interface Cerveau-Machine de type P300 pour l’entraînement de l’attention chez les enfants avec TDA/H. Thèse de doctorat soutenue par Mélodie Fouillen, à Lyon, le 17 décembre 2019, sous la direction de Jérémie Mattout (disponible ici : www.theses.fr/2019LYSE1333).
En parallèle, ce projet a donné lieu à plusieurs communications et rencontres transdisciplinaires , notamment à Graz Brain-Computer Interface en 2019 et une table ronde au Musée des Confluences à Lyon en 2019.
Jeu de « bataille navale » évalué ici chez un participant adulte pilote, ensuite utilisé dans le cadre de l’étude clinique auprès des enfants avec TDAH.
Photo : © Inserm/Guénet, François
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En quoi consiste le Neurofeedback ?
Au cours d’un entrainement en Neurofeedback, l’activité cérébrale est mesurée chez des patients et cette information leur est ensuite transmise par voie visuelle ou auditive. En prenant connaissance des niveaux de son activité cérébrale, le patient peut ainsi la modifier, à force d’entraînement, grâce à un retour sensoriel (toujours visuel ou auditif). Cela est le plus souvent réalisé grâce à un dispositif de type interface cerveau-machine, où le cerveau du patient est mis en relation directe avec un ordinateur, lequel traduit l’activité mesurée. Ce dispositif peut se trouver sous la forme d’une interface ludique, par exemple sous forme de jeu vidéo.
© Inserm/Guénet, François
La Fondation d’entreprise Groupe EDF a pour vocation de soutenir des initiatives positives issues de la société civile et de faire effet-levier sur des dispositifs novateurs.
La fondation a permis de financer 44 000€ sur ce projet.
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Jérémie Mattout est ingénieur de formation, docteur en Neurosciences Cognitives de l’Université Paris 6 et Chargé de Recherche INSERM, au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon.
Une part importante de ses projets concernent le développement d’interfaces cerveau-machine non-invasives à visées fondamentale et clinique.
Témoignage du chercheur
« Le choix de ce projet a été motivé par le soucis de voir nos travaux de recherche fondamentale aboutir à des solutions concrètes, pour les patients.
Le financement de la FRC et de la Fondation EDF est essentiel aujourd’hui pour finaliser cette étude longue, lourde et coûteuse, et pour mener à bien toute la phase finale d’analyse des nombreuses données recueillies.
Cette étude unique en son genre sera très riche en enseignements, à la fois pour l’application clinique ciblée et pour les recherches plus fondamentales associées.
Dans le meilleur des cas, nous espérons aboutir à un outil de réhabilitation qui sera opérationnel et commercialisable à relativement court terme. En cela, le financement de la FRC apporte une contribution essentielle, à un moment clé du projet. »
Le centre de recherche
Ce projet est issu d’une équipe du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon .
"Plasticité et réparation : réparer le cerveau et/ou la moelle épinière"
> Voir tous les projets financés par a FRC en 2018 sur ce thème