Le stress au cours de la grossesse: des effets sur le cerveau de l’enfant

Une équipe de recherche londonienne a récemment démontré que le stress maternel prénatal pourrait affecter la structure du cerveau de l’enfant à naître.

Le stress maternel prénatal représente un problème de santé public majeur et affecte 10 à 35% des enfants à travers le monde. Cette exposition au stress est associée à un risque accru de troubles du comportement chez les enfants (fréquence plus élevée des pleurs, troubles anxieux et troubles de déficit de l’attention avec/sans hyperactivité (TDAH)). Cependant, les mécanismes biologiques expliquant les effets d’un stress maternel prénatal sur les comportements des enfants restaient peu connus.

Afin d’identifier ces mécanismes, une équipe de chercheurs du King’s College de Londres a étudié les effets de ce stress prénatal sur la structure du cerveau de l’enfant. Ces travaux ont mené à une publication dans la prestigieuse revue Biological Psychiatry.

Cette étude a été menée sur 251 nouveaux-nés prématurés. Tout d’abord, les mères ont répondu à un questionnaire les interrogeant sur les évènements stressants qu’elles ont vécu au cours de la grossesse (déménagement, examen, divorce) et ces expériences de stress ont été classées en fonction de l’intensité du stress. Ces informations ont ensuite été corrélées avec les données d’imagerie cérébrale de leurs enfants. Pour cela, une technique d’imagerie médicale non invasive, appelée imagerie en tenseur de diffusion (basée sur l’imagerie à résonnance magnétique), spécialement développée pour étudier la structure de la substance blanche, a été utilisée.

Les chercheurs ont ainsi pu observer une altération du développement d’une région de la substance blanche, le uncinate fasciculus, chez les bébés dont les mères ont subi un stress pendant la période prénatale. Plus précisément, cette altération se présente sous la forme d’une perturbation de la microstructure de la substance blanche.
Ces travaux vont pouvoir permettre une meilleure compréhension de nombreuses maladies du cerveau. En effet, des perturbations de la matière blanche ont également été observées chez des enfants et adultes atteints de troubles du spectre autistique, d’anxiété, de troubles de l’humeur et de TOCs. Il est maintenant nécessaire d’identifier les mécanismes moléculaires précis entrainant ces altérations de la substance blanche après une exposition à un stress maternel prénatal.

Par ailleurs, cette étude révèle que l’environnement du cerveau peut avoir un impact direct sur le développement de cet organe. Il est donc primordial d’étudier les facteurs de risque liés à l’environnement de vie afin de permettre une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau et de la survenue de ses dysfonctionnements.