L’épigénétique impliquée dans les conséquences cérébrales de traumas infantiles

Mise à jour de la page : le 26 octobre 2022

 

Porteur du projet : Pierre-Eric LUTZ – Institut des Neurosciences Cellulaires et Intégratives (Strasbourg)

Titre du projet : Conséquences épigénétiques de la maltraitance infantile dans la dépression

Montant : 80 000 €

« Sans l’obtention de ce financement, nous n’aurions pas été en mesure de générer notre jeu de données couvrant 3 types de mécanismes moléculaires. Cette approche multi-omique, récente en psychiatrie, représente l’aspect principal de notre approche expérimentale, et elle n’aurait pas été possible sans le soutien financier de la Fédération pour la Recherche sur le Cerveau » – Pierre-Eric Lutz

 

Description du projet 

Les traumas infantiles (abus physiques, émotionnels et sexuels ainsi que les négligences physiques et émotionnelles) concernent 5 à 15% des enfants, et représentent un facteur de risque psychopathologique majeur, y compris de dépression. Alors que les mécanismes cérébraux sous-jacents restent mal compris, les données disponibles suggèrent l’implication de processus épigénétiques (processus réversibles modulant l’expression des gènes).

Le but de ce projet consistera à comprendre comment les traumas infantiles peuvent induire une reprogrammation d’une marque épigénétique majeure : la méthylation de l’ADN. Pour cela, les chercheurs analyseront tout d’abord la méthylation de l’ADN dans l’ensemble du génome, à partir d’échantillons sanguins de patients dépressifs, ayant subi ou non un trauma infantile. Ces résultats seront ensuite comparés à ceux obtenus chez des individus ayant subi un trauma infantile sans avoir ensuite développé de troubles psychiatriques. Cela permettra d’identifier les modifications épigénétiques qui surviennent lors de l’apparition de dépression suite à un trauma infantile.

Ce projet ouvrira de nouvelles pistes pour l’identification de biomarqueurs associés aux traumas infantiles, et pour la compréhension de leur impact sur la santé mentale tout au long de la vie. Ces approches pourraient aider à déterminer de quelle façon la plasticité épigénétique contribue à l’interaction entre les expériences de la petite enfance et les processus cérébraux qui contrôlent les états émotionnels tout au long de la vie. Ces données permettront sur le long terme d’identifier des cibles thérapeutiques novatrices.

 

Les résultats

Les chercheurs avaient pour objectif d’identifier des biomarqueurs moléculaires sanguins en lien avec 2 aspects principaux, la dépression et les traumatismes infantiles. Leurs analyses portant sur la dépression sont terminées. Un article est en cours de rédaction et sera soumis pour publication prochainement. Leurs analyses portant sur les traumatismes infantiles sont en cours et se prolongeront en 2023.

Par ailleurs, leurs résultats suggèrent que la production et l’analyse de 3 types de mécanismes moléculaires permet une meilleure discrimination entre des patients et des sujets sains contrôles que des approches ne prenant en compte qu’un seul mécanisme. A terme, ces biomarqueurs pourraient aider les psychiatres à porter un diagnostic ou à suivre l’efficacité d’un traitement.

Leurs résultats montrent également qu’il est essentiel de prendre en considération le sexe des individus dans la mise en évidence de ces biomarqueurs. Autrement dit, la dépression est une pathologie complexe, qui met vraisemblablement en jeu des mécanismes moléculaires qui ne sont pas les mêmes chez l’homme et chez la femme.

 

Les publications

La mise en place de la méthodologie multi-omique a nécessité la réalisation d’une analyse exhaustive des approches décrites et utilisées dans la littérature. Ce travail a été publié sous la forme d’une revue systématique, dans un journal international :

Les résultats de recherche obtenus suite aux analyses portant sur la dépression ont été publiés dans les actes du colloque JOBIM 2022 (Journées ouvertes en biologie, informatique et mathématiques, Rennes, 5-8 juillet 2022) et ont fait l’objet d’une présentation orale par Amazigh Mokhtari, doctorant travaillant sur ce projet :

 

Médecin de formation, Pierre-Eric Lutz a ensuite effectué un doctorat de neurobiologie à l’Université de Strasbourg, puis un post-doctorat à l’Université McGill de Montréal. Il est maintenant chargé de recherche à l’Institut des Neurosciences Cellulaires et Intégratives de Strasbourg, où il s’intéresse particulièrement au champ de la neuro-épigénétique comportementale. Autrement dit, ce champ de recherche vise à mieux comprendre comment les expériences de la vie peuvent impacter sur l’expression des gènes, et donc sur le fonctionnement de notre cerveau.

Le centre de recherche

Ce projet est mené à l’Institut des Neurosciences Cellulaires et Intégratives (INCI) de Strasbourg

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