La neurostimulation : une piste thérapeutique pour la dépression

Mis à jour le 17/10/2024

 

 

Porteur du projet : Philippe FOSSATI – Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière (Paris)

Titre du projet : Synchronisation de réseaux neuronaux et effets attentionnels de l’exclusion sociale et de la stimulation transcrânienne du courant alternatif (tACS) chez des sujets à risque de dépression

Subvention attribuée par la FRC en 2019 : 79 380 €

 

Descriptif du projet

La dépression est une maladie fréquente, qui touche près d’une personne sur 10 et dont la rechute est récurrente. On estime ainsi qu’en moyenne une personne souffrant de dépression fera au moins trois dépressions au cours de sa vie. Le nombre d’épisodes dépressifs antérieurs et l’exposition à des stress constituent des facteurs favorisant l’apparition et la récurrence d’un épisode dépressif, mais les mécanismes biologiques expliquant ces effets ne sont pas bien connus. De fait, la mise en place des traitements de prévention des récidives dépressives ne repose pas vraiment sur des bases biologiques solides.

L’objectif de ce projet est de mettre en évidence un mécanisme précis dans la récidive dépressive et d’utiliser des nouvelles techniques de modulation de l’activité cérébrale pour empêcher cette récidive dépressive. Ce travail repose sur l’hypothèse que les sujets à risque de récidive de dépression seraient plus sensibles au stress social, ce qui se traduirait par une difficulté à utiliser ses capacités intellectuelles et d’attention pour gérer ce type de stress au profit de ruminations. Ainsi, l’équipe étudiera les bases neurales des effets de l’exclusion sociale. Pour cela des méthodes d’électroencéphalographie et de neuromodulation seront utilisées. Une cohorte de sujets sera constituée avec des personnes qui ne sont pas touchées par un trouble psychiatrique et des personnes à risque de dépression ayant des antécédents d’épisodes dépressifs. Des tests d’attention soutenue seront réalisés pendant l’enregistrement EEG de leur activité cérébrale. Ces tests seront effectués avant et après exclusion sociale ainsi qu’avant et après une neurostimulation. Les chercheurs analyseront ainsi si l’exposition au stress social provoque une perturbation de l’activité de réseaux cérébraux, et si la stimulation cérébrale transcrânienne permet de corriger ces perturbations chez les patients avec des antécédents de dépression.

Ce projet pourra offrir de nouvelles stratégies thérapeutiques pour la prise en charge de la dépression en développement des traitements préventifs des récidives dépressives.

 

Les premiers résultats

Les premiers travaux ont permis aux chercheurs de mieux comprendre ce qui caractérise le risque de récurrence dépressive et d’identifier des marqueurs de ce risque à travers l’étude du vagabondage de la pensée et de la rumination.

Le vagabondage de la pensée désigne un phénomène où l’esprit s’éloigne de l’activité en cours pour se perdre dans des pensées spontanées et la rumination est un type de pensée répétitive et focalisée sur des aspects négatifs.

Les chercheurs ont identifié que les individus dysphoriques – c’est-à-dire sans antécédent de d’épisode de dépression majeure mais présentant des symptômes dépressifs a minima – se focalisaient davantage sur leurs pensées spontanées que le groupe des témoins, suggérant un vagabondage de la pensée dysfonctionnel. Ce résultat permettra de cibler ce processus mal régulé pour des interventions préventives afin d’éviter la survenue d’un épisode dépressif.

Ils ont également montré que chez les patients en rémission et avec un risque élevé de récidive dépressive, une plus haute sensibilité au stress généré par une exclusion sociale pouvait être attribué à un aspect ruminatif de leurs pensées, ce qui serait un des mécanismes pouvant entraîner la récidive dépressive.

Les chercheurs sont maintenant en train d’identifier ce qui se passe dans le cerveau lors de ce processus de rumination induit en situation de stress et de définir comment moduler ces régions cérébrales.

 

Les publications

Ce projet a fait l’objet d’une publication dans la revue prestigieuse Frontiers Psychiatry démontrant l’importance des résultats obtenus pour la communauté neuroscientifique.

  • Guesdon A, Lejeune F-X, Rotgé J-Y, George N, Fossati P. 2020. Mind-Wandering Changes in Dysphoria. Front Psychiatry 11:544999.

Un deuxième article sur le sujet est en cours de soumission aux revues scientifiques pour publication.

 

Philippe Fossati est Docteur en médecine, spécialisé en psychiatrie adulte à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Il est également Professeur de Psychiatrie à Sorbonne Université et titulaire d’une thèse universitaire en Sciences de la Vie et de la Santé. Il co-dirige avec Liane Schmidt une équipe de recherche à l’ICM, qui travaille sur la physiopathologie de la dépression et son traitement selon une approche de neurosciences cognitives.

« LE CERVEAU AGRESSÉ PAR SON ENVIRONNEMENT »

> Voir tous les projets financés par la FRC en 2019 sur ce thème 

Le centre de recherche

L’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM), situé sur le site de la Pitié Salpêtrière à Paris, est un centre de recherche qui rassemble près de 600 scientifiques venus de tous les horizons et de tous les pays, pour y mener des recherches de pointe sur les maladies et les traumatismes du système nerveux. En réunissant en un même lieu malades, médecins et chercheurs, l’objectif est de permettre la mise au point rapide de traitements pour les lésions du système nerveux afin de les appliquer aux patients dans les meilleurs délais.

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