Appel à Projets 2024 : « Les mécanismes sous-tendant les symptômes communs aux maladies du cerveau »

Bien que les maladies neurologiques et psychiatriques apparaissent comme différentes, elles ont au moins toutes, un point commun essentiel : l’organe concerné est le cerveau.  Ce point commun n’est pas le seul, en effet ils en existent plusieurs (les mécanismes biologiques, les symptômes, les facteurs de risque…) qui unissent certaines maladies du cerveau à d’autres. Cet Appel à Projets vise à identifier et à caractériser les mécanismes sous-tendant les symptômes communs aux maladies du cerveau.

 

Créer des ponts et casser les silos entre les maladies

La Fédération pour la Recherche sur le Cerveau et ses associations membres ont décidé, en concertation, de lancer durant 3 années consécutives (2023 – 2025) un programme de recherche sur la thématique : « Au croisement des maladies du cerveau ». Ce programme vise à aborder les pathologies neurologiques et psychiatriques sous l’angle de leurs similitudes plutôt que leurs différences. En effet, bien que ce soit toujours le même organe qui soit touché, notre cerveau, les maladies sont plus souvent considérées comme distinctes. S’intéresser de façon transversale aux dénominateurs communs, c’est ce que cherche à susciter ce programme de recherche auprès de la communauté de chercheurs.

Ainsi, la FRC lance son Appel à Projets 2024 dont la thématique est axée sur les mécanismes sous-tendant les symptômes communs aux maladies du cerveau.

 

Les symptômes communs aux maladies du cerveau et leurs mécanismes

Les symptômes des maladies neurologiques et psychiatriques trouvent leur origine dans certaines anomalies structurelles et/ou fonctionnelles. L’avancée des connaissances dans les systèmes de contrôle des émotions, des mouvements, de la pensée, et d’autres encore, montrent que si certains symptômes peuvent être spécifiques à telle ou telle pathologie, la plupart sont communs à plusieurs troubles.  Les symptômes communs concernés peuvent être par exemple :

 

• Les symptômes cognitifs communs aux pathologies et leurs mécanismes sous-jacents :

Les symptômes cognitifs touchent aux fonctions cognitives de l’individu. Certains de ces symptômes tels que les troubles de la mémoire, du langage, de l’attention, de la prise de décision, de la cognition sociale, de la capacité d’inhibition, la perte de motivation sont communs à plusieurs maladies du cerveau. Par exemple, les troubles de la mémoire sont souvent associés à la Maladie d’Alzheimer mais ils sont aussi retrouvés dans d’autres maladies neurodégénératives comme la démence à corps de Lewy, la maladie de Parkinson et également dans certaines maladies psychiatriques comme la dépression ou encore la schizophrénie. Un dysfonctionnement des circuits nerveux au niveau de l’hippocampe, structure jouant un rôle fondamental dans la mémoire, pourrait notamment être impliqué entre autres.

Un autre symptôme que l’on pourrait citer en exemple est la perte de motivation qui est retrouvé entre autres dans la maladie de Parkinson, la dépression et le trouble bipolaire. Les neurotransmetteurs impliqués dans la motivation (dopamine, noradrénaline et sérotonine) font défaut dans ces maladies et pourraient ainsi jouer un rôle dans l’apparition de ce symptôme.

 

• Les symptômes moteurs communs aux pathologies et leurs mécanismes sous-jacents :

Les symptômes moteurs tels que les tremblements, la rigidité musculaire, les contractions involontaires, des défauts de contrôle et coordination des mouvements sont partagés par de nombreuses maladies. Ces symptômes résultent d’une altération des circuits nerveux du système moteur (les ganglions de la base, les aires motrices, cervelet entre autres). Les tremblements sont souvent perçus comme un symptôme spécifique de la maladie de Parkinson. Toutefois, de nombreuses maladies partagent ce symptôme telles que la dystonie, le tremblement essentiel, le syndrome cérébelleux, l’atrophie multi systématisée, l’addiction. Les tremblements seraient sous-tendus par différents mécanismes qui auraient en commun un défaut de neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline, sérotonine, GABA) et qui impacterait la connectivité au sein de circuits responsables de la fonction motrice.

De même, on retrouve par exemple des contractions involontaires dans maladie de Huntington, dystonie, l’épilepsie, syndrome de gilles de la Tourette, paralysie cérébrale entre autres. Les contractions involontaires pourraient être dues pour certaines pathologies (dystonie, épilepsie par exemple) à une hyperactivité des neurones de certaines régions du cerveau impliquées dans la motricité.

 

• Les symptômes psychiques communs aux pathologies et leurs mécanismes sous-jacents :

Les symptômes psychiques et psychotiques peuvent se définir comme affectant notre état mental, parmi ceux-là on retrouve par exemple le trouble de l’humeur, la perte d’appétit, les idées suicidaires, hallucinations, fatigue, anxiété, phobies, addictions, difficultés d’interactions sociales. Ils sont retrouvés principalement dans les maladies psychiatriques mais pas que. Par exemple, les hallucinations sont observées aussi bien chez les patients atteints de schizophrénie, de troubles bipolaires que les démences à corps de Lewy, et la maladie de Parkinson, pathologies neurodégénératives. Les mécanismes sous-tendant les hallucinations sont encore mal connus. Toutefois, la recherche a mis évidence un lien entre hallucinations et transmission excessive de la dopamine, dans une région du cerveau appelée striatum.

L’anxiété est aussi un symptôme psychique commun à des nombreuses maladies autant psychiatriques que neurologiques telles que la scléroses en plaques, la dépression, addiction, épilepsie, maladie de Parkinson. Les progrès en recherche révèlent qu’une suractivation du cortex insulaire et de l’amygdale (régions du cerveau essentiels dans la gestion des émotions) serait impliqué dans l’anxiété.

 

Mieux comprendre les symptômes communs pour lutter contre les maladies du cerveau

La FRC croit en l’importance d’élucider les mécanismes sous-jacents à ces symptômes communs pour pouvoir les prévenir, ralentir leur développement ou trouver des solutions thérapeutiques nouvelles pour espérer un jour guérir les patients. Ce nouvel axe de recherche amènera à nouveau  à ne pas se focaliser sur chaque pathologie indépendamment, mais sur la compréhension de l’organe et de ses dysfonctionnements dans plusieurs conditions pathologiques, ce qui permettra sûrement d’apporter de nouvelles pistes de recherche.

 

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