L’alimentation pourrait être impliquée dans les risques de dépression

Une étude réalisée par des chercheurs français a révélé un lien entre le type d’alimentation et la survenue de dépression.

 

Le régime méditerranéen : une alimentation à privilégier ?

Les chercheurs ont analysé les données de plus de 36 000 personnes concernant le type d’alimentation consommée et la santé mentale des participants. Pour cela, les informations de plusieurs travaux de recherche précédemment réalisés ont été récupérées et l’ensemble a été comparé et synthétisé.

Les résultats, publiés dans la revue scientifique Molecular Psychiatry, ont montré que le type de régime alimentaire pourrait être corrélé, selon sa nature, à un risque de dépression ou au contraire à une protection vis-à-vis de cette maladie. Plus précisément, la consommation d’un régime méditerranéen (c’est-à-dire riche en fruits et légumes, poisson et céréales) serait associée à une diminution d’environ un tiers des risques de dépression. A l’inverse un régime gras, riche en sucres et en produits transformés est associé à un plus grand risque de dépression.

Cette étude expose un lien possible entre l’alimentation et la dépression. Cependant, des essais cliniques supplémentaires doivent être menés afin d’évaluer l’impact direct des différents régimes alimentaires sur la survenue de dépression mais également sur la sévérité des éventuels épisodes dépressifs. De plus, l’alimentation fait partie d’un ensemble de facteurs et il est probable que ce soit la combinaison de plusieurs facteurs qui entre en jeu. Cependant, cette étude montre que le fait de contrôler son alimentation pourrait limiter l’apparition de dépression.

Des études sont également nécessaires pour comprendre les mécanismes par lesquels le type de régime alimentaire peut influencer le cerveau, en le protégeant ou favorisant l’apparition d’une dépression.

 

L’alimentation agit sur l’inflammation du cerveau et le lien microbiote*-cerveau

Il existe différentes pistes qui pourraient expliquer ces résultats. Tout d’abord une alimentation dite déséquilibrée pourrait induire une inflammation chronique au sein de l’organisme. Cette inflammation serait susceptible d’affecter le cerveau, à travers entre autres un phénomène appelé stress oxydatif, et agir sur la santé mentale. Un régime alimentaire riche en composants anti-inflammatoires et antioxydants comme les fruits et les légumes, pourrait en revanche protéger le cerveau du stress oxydatif et de l’inflammation et ainsi préserver le cerveau de la dépression.

De plus, le régime alimentaire a un rôle primordial dans le fonctionnement et la composition du microbiote intestinal. Or de plus en plus de travaux de recherche révèlent un lien entre le microbiote et la santé du cerveau. Un déséquilibre au niveau du microbiote, qui peut être causé par une alimentation déséquilibrée, pourrait impacter le cerveau et ainsi induire des épisodes dépressifs.

 

Ces pistes de recherche sont source d’espoir pour les nombreuses personnes touchées par la dépression. En France, environ 3 millions de personnes souffrent de cette maladie. Les traitements sont inefficaces chez environ un tiers d’entre eux et il existe un fort risque de rechute (50%). Pour ces raisons, l’identification de facteurs de risque sur lesquels il est possible d’agir, tels que l’alimentation, semble être une piste pertinente à étudier.

 

*microbiote : Ensemble des micro-organismes vivant dans un environnement donné, tel que l’intestin.

 

Source : Healthy dietary indices and risk of depressive outcomes: a systematic review and meta-analysis of observational studies. Camille Lassale et al. Molecular Psychiatry. September 2018

 

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