Les actualités autour de la dépression
La dépression est une maladie fréquente dans le monde entier. C’est la première cause d’incapacité dans le monde*. Au niveau mondial, plus de 300 millions de personnes seraient concernées, soit une augmentation de +18 % entre 2005 à 2015*. La dépression peut toucher les adultes, mais aussi l’enfant et l’adolescent. C’est une maladie complexe qui n’est pas toujours facile à déceler.
Depuis ces dernières années, l’état psychique des jeunes français se dégrade : 21%** des moins de 25 ans rapportent des symptômes de dépression. De plus, 2 jeunes sur 3** estiment que la crise liée à la Covid-19 va avoir un impact négatif sur leur santé mentale.
*Communiqué OMS, mars 2017
** Enquête IPSOS/FondaMental décembre 2020
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Octobre 2023 : Un biomarqueur pour suivre et prédire la guérison des patients traités par stimulation cérébrale profonde
L’utilisation de la stimulation cérébrale profonde comme traitement contre la dépression majeure est en cours d’expérimentation. Dans une récente étude publiée dans Nature, des chercheurs américains de l’Icanh School of Medicine at Mount Sinai ont identifié un marqueur spécifique dans l’activité cérébrale permettant de prédire l’effet de ce traitement sur les patients dépressifs.
La stimulation cérébrale profonde (SCP) consiste à implanter de fines électrodes dans une partie spécifique du cerveau pour modifier son activité électrique. Dans cette étude, des patients dépressifs ont été traités par SCP, à l’aide un nouvel équipement permettant également l’enregistrement de l’activité électrique de la zone du cerveau stimulée. Ces enregistrements, analysés par de l’intelligence artificielle, ont mené à l’identification d’un schéma d’activité électrique qui évolue au fur et à mesure que chaque patient se remet de sa dépression au cours du traitement. Ce schéma spécifique est un biomarqueur. Les auteurs ont montré que ce biomarqueur permettait alors de suivre objectivement l’effet de la SCP sur le patient et prédire sa guérison mais aussi d’anticiper d’éventuelles rechutes avant que le patient ne présente les symptômes cliniques.
Par ailleurs, les chercheurs ont montré que d’autres techniques (analyses des changements faciaux ou l’analyse de l’état structurel du cerveau avant traitement) permettaient de prédire l’effet de la SCP.
Bien que ces résultats doivent être confirmés par d’autres études, l’identification de ce biomarqueur ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement personnalisé de la dépression résistante par stimulation cérébrale profonde.
Sources :
Alagapan, Sankaraleengam et al. “Cingulate dynamics track depression recovery with deep brain stimulation.” Nature vol. 622,7981 (2023): 130-138. doi:10.1038/s41586-023-06541-3
Biomarker tracks recovery from depression, National Institute of Health (2023)
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Décembre 2021 : Neurofeedback, un nouvel outil pour traiter la dépression non-anxieuse ?
Une nouvelle étude de l’Institut de Psychiatrie, Psychologie & Neuroscience du King’s College de Londres a été publiée. Elle suggère que l’utilisation du neurofeedback pourrait atténuer les symptômes et aiderait à lutter contre les sentiments de culpabilité chez les personnes souffrant d’un trouble dépressif majeur (TDM) non-anxieux.
Le but du neurofeedback est de permettre au patient d’apprendre à auto-réguler son activité cérébrale. Ici, l’idée est d’agir au niveau de la suractivité du cortex cingulaire antérieur subgénual (dit aussi septale) qui serait liée aux réponses émotionnelles négatives de la dépression1. Au travers des entraînements successifs, le neurofeedback va solliciter la plasticité neuronale pour « moduler » l’activité de cette région.
Le Dr Roland Zahn, chercheur principal de l’étude, a ainsi observé que « les participants utilisant le neurofeedback ont démontré une réduction significative de leurs symptômes de dépression, […] la rémission de ces symptômes était associée à une augmentation de l’estime de soi » 2.
Les chercheurs souhaitent désormais mener une étude plus large, notamment en différenciant les sous-types de dépression. L’idée est d’affiner ces premiers résultats et démontrer une efficacité plus importante du neurofeedback pour certains sous-types de dépression.
Source : Jaeckle et al., Self-blame in major depression: a randomised pilot trial comparing fMRI neurofeedback with self-guided psychological strategies (2021)
1 The Conversation, Une région du cerveau impliquée dans la dépression, les troubles anxieux et les maladies cardiovasculaires (2020)
2 King’s Collège, Using neurofeedback as a means of treating feelings of self-blame in depression (2021)
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Octobre 2021 : Un implant cérébral fait ses preuves lors d’une approche personnalisée
Une équipe de l’université de Californie-San Francisco a publié une récente étude dans la revue Nature Medicine. Les chercheurs ont opté pour une thérapie personnalisée dans l’utilisation de la stimulation cérébrale profonde. Ils ont ainsi cherché à identifier le « schéma cérébral personnel »1 impliqué dans l’expression de la dépression de leur patiente. Cela leur a permis de positionner l’implant cérébral directement au niveau des structures corticales associées à la « signature de dépression » de cette patiente. Cet implant permet d’influer sur la communication neuronale de ces structures. De plus, l’implant s’activait uniquement en cas de besoin, lorsqu’une « activité dépressive » était identifiée. Cette approche de médecine de précision a permis d’atténuer les symptômes, alors résistants aux autres thérapies, de cette patiente.
Cependant, l’étude ne tire ses conclusions que d’une seule patiente. Le circuit mis en place pour cette patiente ne sera peut-être pas le même pour d’autres patients. L’équipe souhaite aussi s’assurer que ce « schéma cérébral personnel » ne va pas changer au fil du temps. L’équipe de recherche a d’ores et déjà recruté de nouvelles personnes, pour développer et affiner leurs résultats.
Source : Scangos et al., Closed-loop neuromodulation in an individual with treatment-resistant depression (2021)
1 Marcus Dupont-Besnard (Numerama), Un implant cérébral contre la dépression résistante a fait ses preuves pour la première fois, 2021
Rédaction : Charlotte Piau, chargée des actions scientifiques de la FRC.
La dépression
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