Les actualités autour de la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer toucherait aujourd’hui plus de 900 000 personnes en France, un chiffre qui serait, selon les estimations, amené à continuer de progresser drastiquement. Bien que de mieux en mieux comprise, les chercheurs peinent cependant à mettre au point de nouvelles thérapeutiques pour ralentir la progression voire guérir complètement cette pathologie neurodégénérative très complexe.
Publié le : 4 septembre 2023
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Septembre 2024 : Mise en lumière des neurones les plus vulnérables dans la maladie d’Alzheimer
Une récente étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique « Nature » a permis de caractériser les neurones qui étaient plus susceptibles d’être touchés et d’engendrer un déclin cognitif dans la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont également identifié des facteurs associés à la résilience cognitive, c’est-à-dire la capacité à maintenir une fonction cognitive résiduelle malgré la maladie.
Pour ce faire, les chercheurs ont examiné , grâce à une technique d’analyse biologique de pointe, cellule par cellule et gène par gène, des milliers de changements biologiques subtils mais importants en réponse à la pathologie. Ainsi, plus de 1,3 million de cellules de 70 types cellulaires provenant de six régions cérébrales de 48 donneurs de tissus, dont 26 avaient la maladie d’Alzheimer ont été analysés.
Les chercheurs ont mis en lumière certains types de neurones excitateurs dans des structures cérébrales impliquées dans la mémoire (l’hippocampe et le cortex entorhinal), significativement moins abondants chez les patients Alzheimer et donc plus vulnérables. Ces neurones produisent ou sont impactés par une protéine appelée Reelin, impliquée dans la résilience cognitive chez certains patients. L’étude a montré que la perte de ces neurones est associée à un déclin cognitif. Les chercheurs émettent l’hypothèse que la Reelin aurait un effet protecteur sur la fonction cognitive mais que les neurones l’exprimant seraient plus vulnérables dans la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs ont également découvert que les astrocytes exprimant des gènes liés au métabolisme de la choline et à l’activité antioxydante étaient associés à une meilleure préservation de la cognition, même en présence de pathologie.
Ces résultats permettront d’identifier des cibles potentielles pour des approches thérapeutiques visant à maintenir la cognition et la mémoire chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer.
Sources :
Mathys, H., Boix, C.A., Akay, L.A. et al. Single-cell multiregion dissection of Alzheimer’s disease. Nature (2024). https://doi.org/10.1038/s41586-024-07606-7
MIT News, Study across multiple brain regions discerns Alzheimer’s vulnerability and resilience factors, July 24
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Août 2023 : Découverte d’une nouvelle cible thérapeutique grâce au décryptage d’un mécanisme essentiel à la mémorisation et l’apprentissage
Des chercheurs de l’Université du Colorado ont fait une découverte importante sur les mécanismes nécessaires à l’apprentissage et à la mémoire, publiée dans la revue Nature. Cette découverte pourrait conduire à de nouvelles thérapies pour la maladie d’Alzheimer et éventuellement le syndrome de Down. Pendant plus de 30 ans, les chercheurs pensaient que la potentialisation à long terme (LTP), essentielle pour l’apprentissage et la mémoire, nécessitait les fonctions d’une protéine appelée CamKII. Cette protéine est une enzyme, c’est-à-dire qu’elle facilite les réactions biochimiques de l’organisme. La potentialisation à long terme est un processus qui se produit dans le cerveau pendant un apprentissage ou le stockage de souvenirs à longs termes, les connexions entre les neurones sont renforcées. Cependant, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Ulli Bayer a découvert que la LTP s’appuierait sur la structure de CaMKII plutôt que sur sa fonction. Cette découverte ouvre la porte à l’utilisation thérapeutique d’une nouvelle classe de molécules inhibitrices qui cibleraient uniquement l’activité enzymatique de CaMKII, sans affecter les fonctions structurelles nécessaires à la mémoire et à l’apprentissage. Ces inhibiteurs pourraient potentiellement être utilisés pour traiter des maladies du cerveau telles que la maladie d’Alzheimer avec de moindres effets secondaires. Si ces inhibiteurs se révèlent efficaces chez l’homme, ils pourraient compléter les solutions thérapeutiques actuelles de la maladie d’Alzheimer en soulageant certains des symptômes les plus dévastateurs de la perte de mémoire et de l’apprentissage.
Sources :
– Jonathan E. Tullis et al., LTP induction by structural rather than enzymatic functions of CaMKII. Nature, 2023.
– CU Anschutz Medical Campus, Discoveries on Memory Mechanisms Could Unlock New Therapies for Alzheimer’s and other Brain Diseases, août 2023.
Publié le : 20 septembre 2022
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Août 2022 : un lien se renforce entre virus de la varicelle/zona, virus de l’herpès et maladie d’Alzheimer
De nouvelles recherches viennent de mettre en lumière une cascade d’évènements jusqu’ici envisagée mais non étayée par de solides preuves. C’est chose faite par une équipe de l’Université de Tufts à Boston. Les chercheurs ont infecté des cellules souches neurales humaines ainsi que des « mini-cerveaux » (un ensemble de tissus cérébraux en 3D) avec le virus de la varicelle/zona (VZV) et/ou le virus de l’herpès (HSV-1). Ils ont découvert tout d’abord qu’une infection par le HSV-1 seul induit une accumulation de protéine bêta-amyloïde et de protéine tau, les deux principales protéines mises en cause dans la maladie d’Alzheimer, ce qui n’est pas le cas avec une infection par le VZV seul.
En revanche, une infection par le VZV de cellules déjà infectées par le HSV-1 a provoqué une réactivation de celui-ci, entraînant une très forte augmentation des mêmes protéines caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Il semble donc qu’une nouvelle exposition au virus de la varicelle/zona réveillerait le virus de l’herpès dormant dans le cerveau, et augmenterait ainsi de façon indirecte le risque d’apparition de la maladie d’Alzheimer. Il a par ailleurs déjà été démontré que la vaccination contre le VZV réduirait le risque de démence. Ce travail préliminaire doit être reproduit et approfondi afin de comprendre notamment le lien mécanistique entre ces évènements.
Sources :
– Potential Involvement of Varicella Zoster Virus in Alzheimer’s Disease via Reactivation of Quiescent Herpes Simplex Virus Type 1. Cairns et al., Journal of Alzheimer’s Disease, (2022).
– Article Medscape – Mechanistic Link Between Herpes Virus, Alzheimer’s Revealed? – 16 août 2022.
Publié le : 24 novembre 2021
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Novembre 2021 : une nouvelle piste thérapeutique.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative progressive caractérisée par la présence de dépôts extracellulaires de la protéine bêta-amyloïde, à l’origine des symptômes de la maladie.
Une récente étude a permis à des chercheurs britanniques et allemands de mettre au point un anticorps capable d’empêcher le dépôt de la protéine bêta- amyloïde. Ils ont identifié un anticorps (TAP01) qui ciblerait précisément cette protéine, avant la formation des plaques de bêta-amyloïde néfastes pour le cerveau. « Dans les essais cliniques, aucun des traitements potentiels qui dissolvent les plaques amyloïdes dans le cerveau n’a montré beaucoup de succès en termes de réduction des symptômes d’Alzheimer. Certains ont même montré des effets secondaires négatifs. Nous avons donc opté pour une approche différente en identifiant un anticorps chez la souris qui neutraliserait les formes tronquées (toxique) de bêta-amyloïde soluble, mais ne se lierait ni aux formes normales de la protéine ni aux plaques.», explique le Pr Thomas Bayer, principal auteur de l’étude.
Cet espoir de traitement doit encore faire ses preuves chez l’homme. En cas de succès, il participerait à restaurer les fonctions neuronales impactées par les agrégats protéiques et à lutter contre le déclin cognitif.
Sources :
– Discovery of a novel pseudo β-hairpin structure of N-truncated amyloid-β for use as a vaccine against Alzheimer’s disease. Bakrania et al., Nature, (2021).
– Un traitement prometteur et un vaccin potentiel contre la maladie d’Alzheimer, The Conversation (2021).
Publié le : 05 novembre 2021
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Le 29 octobre 2021 bouleverse plusieurs théories sur la maladie d’Alzheimer.
Une étude parue dans le journal Science Advances remet en question plusieurs théories autour de la propagation de la maladie.
Cette étude est la première à utiliser des données humaines (échantillons de cerveau post-mortem de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, scanners de patients vivants) pour suivre l’agrégation de la protéine Tau dans le cerveau humain. L’accumulation de la protéine Tau et de la protéine bêta-amyloïde sont toxiques et seraient à l’origine de plusieurs symptômes observés dans la maladie d’Alzheimer : le déclin cognitif, la mort précoce de cellules corticales et le rétrécissement du cerveau.
Les chercheurs ont ainsi découvert que la maladie ne touche pas une seule zone du cerveau, comme cela était auparavant supposé. En réalité, plusieurs agrégats de la protéine Tau se forment dans plusieurs zones du cerveau. Selon les scientifiques, cela pourrait, en partie, expliquer la fulgurance de la maladie. Ils ont aussi découvert qu’en seulement cinq ans, le nombre d’agrégats protéiques est doublé. Même si cela semble court, pour l’auteur cela est « encourageant » et indique que les neurones sont capables, pendant ce laps de temps, de se défendre contre ces agrégats.
Cette étude pourrait donc influencer l’élaboration des prochains traitements et représente un espoir pour les 40 millions de personnes atteintes d’Alzheimer dans le monde.
« Espérons que cette étude et d’autres permettront d’orienter le développement de futurs traitements ciblant la protéine tau, afin qu’ils aient plus de chance de ralentir la maladie et d’aider les personnes atteintes de démence« , a déclaré Sara Imarisio, de l’Alzheimer’s Research UK.
Source : Meisl G. et al. (2021), In vivo rate-determining steps of tau seed accumulation in Alzheimer’s disease.
Publié le : 17 juin 2021
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Le 7 juin 2021 a marqué un nouveau tournant dans la lutte contre Alzheimer, avec l’approbation accélérée aux Etats-Unis d’une molécule qui redonne de l’espoir.
La maladie d’Alzheimer est caractérisée par un déclin progressif de la mémoire récente, et plus généralement des fonctions cognitives et exécutives, amenant à une perte d’autonomie. Le développement de ces troubles est notamment dû à deux types de lésions dans le cerveau : une accumulation anormale de la protéine β-amyloïde formant des « plaques séniles », et une phosphorylation anormale de la protéine tau s’agrégeant en neurofibrilles dans les neurones. Ces deux altérations entraînent in fine une dégénérescence des neurones, à l’origine des troubles cognitifs. Ce processus très lent peut prendre de nombreuses années avant que les symptômes de la maladie n’apparaissent.
Le 7 juin 2021, la FDA (Food and Drug Administration, l’agence américaine du médicament) a approuvé la mise sur le marché américain d’une nouvelle molécule, l’Aducanumab (Aduhelm), développée par le laboratoire Biogen (Cambridge, Massachusetts). C’est la première fois depuis 2003 qu’un nouveau traitement obtient cette autorisation. Basé sur une technique d’immunothérapie, l’aducanumab est un anticorps qui se lie aux protéines toxiques β-amyloïdes et qui permet de briser ces plaques. Plusieurs études cliniques réalisées auprès de 3 482 patients ont permis d’attester une réduction significative des plaques amyloïdes chez les personnes ayant reçu ce traitement par voie intraveineuse, alors qu’aucune réduction n’a été détectée chez celles ayant reçu un placebo. Ce traitement, qui coûte actuellement 56 000$ par an et par patient, est destiné aux personnes atteintes de troubles cognitifs légers ou de maladie d’Alzheimer à un stade précoce dans le but de potentiellement ralentir le déclin cognitif, mais il ne permet pas de stopper l’évolution de la maladie.
Il est également nécessaire de rester prudent. Bien que ce médicament semble avoir un vrai impact sur les processus biologiques de la pathologie, le bénéfice clinique reste à prouver. Un nouvel essai clinique va donc être mené sur un plus large échantillon afin de vérifier si l’aducanumab a de réels effets sur les fonctions cognitives. Si cette nouvelle étude ne permet pas de vérifier le bénéfice clinique, la FDA se réserve le droit d’engager une procédure pour retirer l’approbation du médicament. De plus, son utilisation est associée à un certain nombre d’effets indésirables chez 35% des patients, nécessitant parfois l’arrêt du traitement.
Cette approbation constitue cependant un nouvel encouragement pour poursuivre la recherche sur la maladie d’Alzheimer, mais aussi sur d’autres pathologies neurodégénératives. En effet, ce principe d’immunothérapie est également à l’étude pour d’autres maladies liées à une accumulation de protéines toxiques, comme la maladie de Parkinson (α-synucléine), la Sclérose Latérale Amyotrophique (TDP-43), la maladie de Huntington (huntingtine) ou encore les maladies à prions.
Sources :
– Site internet www.fda.gov
– Site internet www.fondation-alzheimer.org
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Rédaction : Céline Petitgas et Charlotte Piau, chargées des actions scientifiques de la FRC.
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