Les bienfaits de la nature sur le cerveau

Mise à jour de la page le 25 mars 2024

 

Effets positifs sur le stress, le sommeil, la concentration ou encore la santé mentale, les bienfaits de la nature sur notre cerveau sont aujourd’hui nombreux, et ce dès le plus jeune âge. De récentes recherches en neurosciences montrent que la nature aurait des effets protecteurs contre l’apparition et le développement de troubles neurologiques ou psychiatriques. Petit tour d’horizon de ce que les chercheurs nous apprennent à propos de l’impact positif de la nature sur la santé du cerveau.  

 

  • Une diminution du risque de contracter un trouble mental

Chacun a pu remarquer à son échelle que se promener dans des espaces verts provoque souvent un sentiment de bien-être, de calme, de détente et d’apaisement. Certains sont même adeptes des « bains de forêt » ou shinrin yoku, une pratique très en vogue au Japon qui consiste à se rapprocher de la nature en sollicitant ses cinq sens pour prêter attention au moment présent. Des études scientifiques ont confirmé les bienfaits de cette pratique par l’évaluation de critères biologiques bien précis. Selon des travaux publiés dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health1, passer du temps entouré d’arbres abaisserait le rythme cardiaque, la pression artérielle et le taux d’hormones liées au stress, le cortisol et l’adrénaline. Les chercheurs ont même constaté que ces sorties « attentives » en forêt, ici limitées à 2h, diminuaient de manière significative l’anxiété, la dépression, la colère et la fatigue et améliorait l’humeur des participants, âgés ici de 45 à 86 ans.

Les bienfaits de la nature sont également reconnus dès l’enfance. Une étude danoise2 menée sur près d’1 million d’individus a comparé l’exposition à la nature durant l’enfance et l’apparition chez certains, de troubles psychiatriques. Résultat : les enfants qui grandissent en milieu urbain auraient 55 % plus de risques de développer de tels troubles. Et en effet, les médecins ont pu constater qu’il existe une proportion plus élevée de maladies psychiatriques (dépressions, troubles anxieux, schizophrénie) en milieu urbain. Vivre en ville permet généralement un meilleur accès aux soins et à l’éducation mais son environnement est composé de facteurs de stress importants : pollutions, nuisances visuelles et auditives… le cerveau est agressé et se repose peu.

Se promener dans un espace vert apporterait justement un moment de repos pour notre cerveau. Des chercheurs américains3 ont découvert chez des participants en bonne santé qu’une brève expérience avec la nature, à savoir une marche de 90 minutes dans un cadre naturel, diminuerait la rumination (la pensée répétitive axée sur les aspects négatifs du soi), une manifestation connue de certaines affections mentales, notamment la dépression. Ils ont également mis en évidence une diminution de l’activité neuronale d’une partie précise du cerveau, le gyrus cingulaire antérieur, suractivé chez les personnes ayant tendance à la rumination mentale. Par ailleurs, des neurologues allemands4 ont montré qu’un cerveau bien aéré présenterait plus de matière grise dans le cortex dorsolatéral-préfrontal droit, une zone impliquée dans la planification des actions et le contrôle cognitif. Sachant que de nombreux troubles psychiatriques seraient associés à une réduction de matière grise dans cette zone du cerveau, voilà une autre bonne raison de se mettre au vert régulièrement !

 

  • De meilleures capacités d’attention et de concentration

Selon la Haute Autorité de Santé, 3,5 à 5,6 % des enfants scolarisés souffriraient de troubles de l’attention/hyperactivité (TDAH) en France. Des chercheurs de l’Université de l’Illinois5 ont montré que passer du temps dans la nature serait bénéfique aux enfants atteints de TDAH. En effet, favoriser des activités dans un cadre de verdure en plein air réduirait de manière plus significative les symptômes des enfants TDAH (inattention, manque de concentration, impulsivité), que des activités menées à l’intérieur ou dans des espaces extérieurs urbains. D’autres chercheurs américains6 sont allés plus loin en montrant qu’une marche de quelques minutes dans la nature produit le même effet qu’un médicament, la ritaline, fréquemment utilisé pour diminuer les troubles liés au TDAH.

Plus étonnant encore, une étude australienne réalisée par des chercheurs de l’Université de Melbourne7 a observé que le simple fait de regarder des scènes de nature améliore l’attention et la concentration. 150 étudiants universitaires ont eu pour consigne d’accomplir une tâche avant et après avoir regardé durant 40 secondes une scène urbaine avec un toit verdoyant et fleuri, ou bien avec un toit banal en béton nu. Après cette pause, les participants ayant vu la scène de nature ont fait beaucoup moins d’erreurs que ceux ayant vu la scène bétonnée et leur niveau de concentration a augmenté de 6%. Ces résultats confirment les bienfaits d’une exposition à la nature, même juste imagée, sur le cerveau.

 

  • Des jardins à visée thérapeutique

Dès 1984, un chercheur américain, Robert Ulrich, montra que bénéficier de chambres avec vue sur parc diminuait la consommation d’antidouleurs et accélérait la convalescence des patients hospitalisés après une intervention chirurgicale8. Grâce à toutes les données accumulées par la suite par les chercheurs, des jardins à visée spécialement thérapeutique ont vu le jour dans de nombreux pays.

En France, ces jardins continuent de se multiplier en milieu hospitalier et en EHPAD, et montrent de réels bénéfices pour de nombreuses pathologies, aussi bien neurodéveloppementales (autisme) que psychiatriques (dépression, addiction) et neurologiques (Parkinson, Alzheimer, épilepsie, sclérose en plaques…). Par exemple, des projets de recherche menés au jardin thérapeutique du CHRU de Nancy9 ont permis de démontrer plusieurs effets bénéfiques pour les patients atteints de maladie d’Alzheimer : meilleure autonomie, amélioration des capacités cognitives, de l’appétit et du sommeil, réduction des troubles du comportement, de l’agressivité et de l’agitation.

La nature semble donc avoir de nombreux effets positifs sur le fonctionnement du cerveau. Comprendre comment mieux protéger son cerveau par l’étude des facteurs environnementaux apparaît ainsi d’un intérêt majeur pour les recherches futures.

 

 

Sources :

1 Effects of Short Forest Bathing Program on Autonomic Nervous System Activity and Mood States in Middle-Aged and Elderly Individuals. Yu et al., International Journal of Environmental Research and Public Health, Août 2017.

2 Residential green space in childhood is associated with lower risk of psychiatric disorders from adolescence into adulthood. Engemann et al., PNAS, 25 février 2019

3 Nature experience reduces rumination and subgenual prefrontal cortex activation. Gross et al., PNAS, 29 juin 2015.

4 Spend time outdoors for your brain – an in-depth longitudinal MRI study. Kühn et al. The World journal of Biological Psychiatry, Juillet 2021.

5 A potential natural treatment for Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder: evidence from a national study. Kuo & Taylor, American Journal of Public Health, Septembre 2004.

6 Children with attention deficits concentrate better after walk in the park. Taylor et al., Journal of Attention Disorders, Août 2008.

7 40-second green roof views sustain attention: The role of micro-breaks in attention restoration. Lee et al., Journal of Environmental Psychology, Juin 2015.

8 View through a window may influence recovery from surgery. Ulrich R., Science, Mai 1984.

9 Dossier de presse « Jardin Art, mémoire et vie du CHRU de Nancy », Site internet du CHRU de Nancy

 

Rédaction : Céline Petitgas, chargée des actions scientifiques de la FRC.

Jardins Ouverts pour le Neurodon

Puisque la nature est bonne pour la santé du cerveau, la FRC organise chaque année l’opération « Jardins Ouverts pour le Neurodon » en partenariat avec le comité des parcs et jardins de France.

Le temps d’un week-end, de nombreux parcs et jardins accueillent le grand public et reverse 2€ sur chaque ticket d’entrée à la recherche sur le cerveau.

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L'adaptation du cerveau à son environnement

Thématique Appel à Projets 2022: L’adaptation du cerveau à son environnement.

L’Appel à Projets lancé par la FRC en 2022 vise à étudier comment le cerveau s’adapte à son environnement pour protéger ses fonctions cognitives et sensorielles et tenter d’éviter
ou de compenser des situations pathologiques

> En savoir plus sur l’Appel à Projets

L’exposition de nos neurones à la nature réduirait le risque de contracter une maladie psychiatrique.

> En savoir plus sur les maladies psychiatriques

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