Pour la prise en compte des biomarqueurs dans le diagnostic de la maladie d’Alzheimer en France

La maladie d’Alzheimer est caractérisée par la présence de plaques séniles et par une dégénérescence neurofibrillaire. Les premières sont formées par l’accumulation progressive de fragments d’une protéine, appelée bêta-amyloïde, qui s’accumulent dans les espaces situés entre les cellules nerveuses. La dégénérescence neurofibrillaire, quant à elle, est due à l’accumulation d’une autre protéine, appelée Tau, à l’intérieur des cellules. Ces affections vont graduellement entraîner une atteinte au niveau des synapses cérébrales puis la mort des neurones touchés. Ces processus débutent bien avant le début des premiers signes cliniques, d’où l’importance d’une détection précoce de cette neuropathologie.

En France, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose sur l’examen clinique, l’évaluation neuropsychologique et le dosage de biomarqueurs, toutes ses investigations étant complémentaires. Au niveau des biomarqueurs, ceux liés au dysfonctionnement des neurones et à la mort neuronale sont dits biomarqueurs topographiques. Ils ne sont pas spécifiques de la maladie d’Alzheimer mais permettent de corréler les symptômes cognitifs et la neurodégénérescence. Ils sont mis en évidence avec des techniques d’imagerie : topographie par émission de positrons (TEP) au 18FDG et par l’imagerie par résonance magnétique (IRM) morphologique. Les biomarqueurs physiopathologiques se concentrent plus particulièrement sur le dépôt des plaques amyloïdes. Ils sont évalués par l’étude du liquide cérébrospinal (LCR) et par le TEP amyloïde. L’imagerie moléculaire TEP permet de visualiser in vivo les lésions neuronales en utilisant des médicaments radiopharmaceutiques, appelés traceurs. Trois traceurs sont utilisables en France suite à une Autorisation de Mise sur le Marché Européenne : florbétapir, flutémétamol et florbétaben et ont démontrés une efficacité pour détecter des plaques amyloïdes sur des biopsies après décès des patients. Ils sont de ce fait commercialisés et utilisés dans de nombreux pays.

Pour l’utilisation en France, la commission de la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis un avis défavorable en début d’année 2017 : service médical rendu insuffisant pour raison d’inutilité de diagnostiquer une maladie pour laquelle les traitements médicamenteux (ou non) sont actuellement très limités. Cette décision est assez controversée au niveau international où les indications ciblent d’avantage une population particulière. La situation est complexe et pourrait avoir des répercussions sur la prise en charge optimale des patients et sur l’accès aux nouvelles techniques. Les sociétés françaises savantes de médecine nucléaire ont donc collaboré entre elles pour rédiger des lignes directrices permettant de déterminer quelles techniques d’imagerie moléculaires peuvent aider à établir un diagnostic de la maladie d’Alzheimer en France.

 

Rédaction : Nathalie Sellier

Source : « Diagnostic de la maladie d’Alzheimer et des autres démences – Apport des traceurs de la plaque amyloïde et de la protéine Tau »  Florence Le Jeune. Neurologies Avril 2017 vol.20 numéro 197.

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