Un nouveau vaccin contre la maladie d’Alzheimer ?
Des chercheurs développent un vaccin prometteur, nommé AADvac1, ayant la particularité de stimuler la production d’un anticorps* qui cible spécifiquement la protéine Tau impliquée dans les dysfonctionnements neurologiques propres à la maladie d’Alzheimer.
Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer présentent des lésions neuropathologiques particulières dans le cortex cérébral : des dégénérescences neurofibrillaires liées à l’apparition d’anomalies de la protéine Tau ; des plaques amyloïdes caractérisées par des dépôts de la protéine Béta amyloïde.
Jusqu’à présent, les traitements par immunothérapie en développement visaient à activer et mobiliser les défenses immunitaires du patient en ciblant principalement les plaques amyloïdes. Certaines équipes de recherche travaillent maintenant sur un traitement ciblant l’autre voie : la protéine Tau pathologique. Ils privilégient donc des anticorps dirigés contre la protéine Tau phosphorylée ainsi que des vaccins immunisant contre cette protéine. En s’attaquant à la protéine Tau, les chercheurs estiment qu’une importante production d’anticorps pourrait empêcher le développement des agrégats à l’origine des problèmes neurologiques liés à la maladie d’Alzheimer.
Vers un vaccin contre la maladie d’Alzheimer ?
C’est une équipe composée de chercheurs suédois, autrichiens et slovaques qui a développé l’AADvac1, un vaccin actif stimulant la production d’un anticorps spécifique de la protéine Tau pathologique. L’essai de phase I s’est déroulé en Autriche, sur 12 semaines, en double aveugle, chez des patients âgés de 50 à 85 ans atteints de la maladie d’Alzheimer de forme légère à modérée. Le « double aveugle » est une situation dans laquelle ni le soignant ni la personne qui se prête à l’étude ne connaissent le traitement qui a été tiré au sort. Les patients ont donc reçu une dose sous-cutanée d’AADvac1 ou du placebo* du vaccin chaque mois pendant 3 mois, sans savoir ce qu’ils recevaient. Puis une extension de 12 semaines a permis de traiter tous les patients avec le vaccin AADvac1.
L’essai a été réalisé sur un total de 30 patients (24 pour le groupe AADvac1 et 6 pour le groupe placebo). Les événements indésirables les plus fréquents observés ont été des réactions au site d’injection après administration. 29 patients ayant reçu des injections d’AADvac1 ont développé une réponse immunitaire spécifique. Les chercheurs ont conclu que le traitement AADvac1 avait un profil d’innocuité favorable, aucun effet secondaire grave directement lié au vaccin n’a été constaté. L’immunogénicité, soit la capacité à induire une réaction immunitaire, dans cette étude de phase I chez l’Homme était excellente.
De plus amples essais sont nécessaires pour corroborer l’évaluation de la sécurité et établir la preuve de l’efficacité clinique d’AADvac1. La publication des résultats de cette étude de phase I du vaccin anti-Tau laisse entrevoir des résultats encourageants, et permettront de suivre avec attention l’étude de phase II en cours sur l’efficacité du AADvac1 au niveau cognitif.
Rédaction : Nathalie SELLIER, spécialiste veille scientifique, et Julie Leotot
Publication : FRC
Sources :
« Efficacy and safety of tau-aggregation inhibitor therapy in patients with mild or moderate Alzheimer’s disease: a randomised, controlled, double-blind, parallel-arm, phase 3 trial. » Gauthier S et al. Lancet. 2016 Nov 15. pii: S0140-6736(16)31275-2. doi: 10.1016/S0140-6736(16)31275-2.
«Safety and immunogenicity of the tau vaccine AADvac1 in patients with Alzheimer’s disease: a randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 1 trial» Novak P. et al. The Lancet Neurology Available online 10 December 2016 – http://dx.doi.org/10.1016/S1474-4422(16)30331-3 .
Crédit photo : mattallworth
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Glossaire
Protéine :
Molécule biologique qui peut assurer des fonctions très diverses au sein de la cellule ou de l’organisme. Certaines peuvent avoir un rôle structurel comme la kératine qui constitue les cheveux. D’autres ont un rôle hormonal telle que l’insuline qui régule le taux de sucre dans le sang ou encore un rôle moteur comme la myosine qui permet la contraction musculaire.
Anticorps :
Protéine sécrétée par le système immunitaire qui détecte les agents pathogènes de l’organisme et permet de les neutraliser.
Placebo :
Médicament sans principe actif et donc sans effet pharmacologique démontré dans la pathologie considérée.
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