Comment l’activité physique pourrait-elle améliorer les défauts de myélinisation communs à plusieurs maladies du cerveau ?
Porteur du projet : Anne DESMAZIERES – Institut du Cerveau (Paris)
Titre du projet : Comprendre comment l’activité motrice pilote la (re)myélinisation pour traiter les maladies neurodégénératives et neurodéveloppementales.
Montant du projet financé sur l’appel à projets FRC 2024 : 80 000 €
« Grâce à votre soutien, nous pouvons initier ce projet qui devrait nous permettre de mieux comprendre des mécanismes cruciaux dans des pathologies neurologiques handicapantes. Ce projet est porteur d’espoir notamment car il pourrait permettre de développer à terme des approches non invasives, en association avec d’autres thérapies, afin de promouvoir la mise en place adéquate de myéline et limiter les déficits fonctionnels chez les patients. » – Anne Desmazières
En résumé
La myéline est altérée dans diverses pathologies neurologiques comme dans la Sclérose en plaques ou dans certaines pathologies neurodéveloppementales. Ces altérations sont associées à des symptômes chez les patients. La régénération de la myéline permet de protéger les axones et d’éviter la perte neuronale, mais nous ne savons pas à ce jour comment la promouvoir chez les patients. Les mouvements volontaires ou non favoriseraient le processus de myélinisation. L’objectif du projet est de mieux comprendre comment l’activité motrice permettrait de promouvoir une myélinisation efficace. Les résultats de ce projet permettront d’optimiser la méthodologie pour le traitement futur de des maladies du système nerveux central et leurs symptômes et d’ouvrir la voie à des nouvelles thérapies dans ces maladies.
Descriptif du projet
La myéline1 est altérée dans diverses pathologies neurologiques, soit par ce qu’elle est dégradée, comme dans la Sclérose en plaques, pathologie inflammatoire, démyélinisante et neurodégénérative du système nerveux central, soit parce qu’elle est formée de manière anormale, comme dans certaines pathologies neurodéveloppementales. Ces altérations sont associées à des symptômes chez les patients. La régénération de la myéline (remyélinisation)2 permet de protéger les axones et d’éviter la perte neuronale, mais nous ne savons pas à ce jour comment la promouvoir chez les patients. De plus, il y a un manque crucial de thérapies permettant de favoriser une remyélinisation efficace dans la sclérose en plaques, et que les mécanismes d’altérations myéliniques dans les pathologies neurodéveloppementales sont encore mal connus.
L’activité motrice a été montrée comme favorisant le processus de myélinisation. L’objectif du projet est de mieux comprendre comment l’activité motrice peut moduler les dialogues entre les neurones et les oligodendrocytes3, et ainsi promouvoir une myélinisation 2 efficace. La plasticité de la myéline3 apparaît comme essentielle pour la consolidation de l’apprentissage et la mémoire.
L’hypothèse des chercheurs est qu’un entraînement physique, qu’il soit simple ou plus complexe, pourrait influencer différemment la (re)myélinisation dans des situations de déficit de myéline ou après une démyélinisation. Afin de confirmer cette hypothèse, des études seront menées sur des souris pendant qu’elles font de l’exercice pour déterminer comment l’entraînement moteur simple ou complexe module la (re)myélinisation et la plasticité neuronale4. Les chercheurs étudieront aussi les mécanismes dépendants de l’activité neuronale qui favorisent ce processus. Cette étude devrait notamment permettre de mieux comprendre comment favoriser la remyélinisation dans la sclérose en plaques, ce qui pourrait permettre de limiter la phase progressive de cette maladie.
Les résultats de ce projet permettront d’optimiser la méthodologie pour le traitement futur de des maladies du système nerveux central et leurs symptômes et d’ouvrir la voie à des nouvelles thérapies dans ces maladies.
(1) Myéline : La myéline est une gaine isolante formée le long des axones qui permet d’assurer une conduction optimale des messages nerveux.
(2) (Re)myélinisation : La myélinisation est le processus de formation de la myéline autour des axones des neurones, ce qui permet une transmission rapide des signaux nerveux et la remyélinisation désigne la réparation ou la reconstruction de la myéline après des lésions.
(3) Oligodendrocytes : Les oligodendrocytes sont des cellules du cerveau différentes des neurones. Elles jouent un rôle clé dans la formation de la myéline dans le système nerveux central et assurent aussi un rôle de soutien métabolique aux neurones.
(4) Plasticité de la myéline : La plasticité de la myéline désigne la capacité de la myéline à se modifier en réponse à l’activité du cerveau ou aux besoins de l’organisme. Cette plasticité permet au système nerveux de s’adapter, de se réorganiser et de maintenir un bon fonctionnement.
(5) Plasticité neuronale : La plasticité neuronale désigne la capacité des neurones à se réorganiser et à créer de nouvelles connexions en réponse à des expériences, des apprentissages, des traumas, troubles ou lésions.
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L’équipe d’Anne Desmazières travaillera de concert avec celle de Marie-Cécilia Angulo (Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris). Leurs expertises communes leur permettront de collaborer à tous les niveaux du projet s’appuyant l’une et l’autre sur les résultats préliminaires qu’elles ont généré ensemble.

Anne Desmazières est Chargée de Recherche INSERM au sein de l’équipe du Professeur Stankoff à l’Institut du Cerveau, Paris. L’équipe s’intéresse aux mécanismes de réparation dans la Sclérose en plaques (SEP), une pathologie inflammatoire, démyélinisante et neurodégénérative du système nerveux central (SNC) affectant 120 000 personnes en France. Après une thèse à l’IBENS, Paris et un post-doctorat à l’Université d’Edimbourg, au Royaume-Uni, Anne Desmazieres a rejoint l’Institut du Cerveau, où elle développe depuis sa thématique de recherche sur les dialogues neurone-glie et leurs rôles dans les processus de réparation dans la SEP.

La plasticité de la Myéline
Source : La myéline – Un nouvel acteur dans la plasticité cérébrale ; Lucas Baudouin, Noémie Adès, Lamia Bouslama-Oueghlani ; Med Sci (Paris) 37 (5) 535-538 (2021) ; DOI: 10.1051/medsci/2021045
Différentes formes de plasticité myélinique. En fonction des stimulus environnementaux ou de l’activité neuronale, le profil de myélinisation évolue : (1) de nouvelles gaines de myéline peuvent être formées autour d’axones non ou partiellement myélinisés ; (2) la longueur et l’épaisseur des gaines préexistantes, ainsi que l’architecture des noeuds de Ranvier (espaces sans myéline) peuvent être modifiées.
Le centre de recherche
Ce projet est issu d’une équipe de l’Institut du Cerveau (Paris).