Comment le cerveau des enfants s’adapte-t-il à un environnement socio-économique défavorable ?
Porteur du projet : Jérôme PRADO – Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon
Titre du projet : Comment le cerveau en développement s’adapte à un environnement socio-économique défavorable ?
Montant : 79 580 €
« Un certain nombre d’étude souligne le fait que les résultats scolaires des enfants français sont largement influencés par l’environnement social et économique de la famille. On en sait cependant très peu sur les médiateurs de cet effet, et notamment sur l’impact que l’environnement familial a sur le développement du cerveau. C’est donc une question très importante. Ce projet permettra de combler ce manque, en étudiant notamment la relation entre l’environnement familial et le développement des circuits cérébraux impliqués dans l’apprentissage de la lecture et des mathématiques chez des enfants avec et sans troubles de l’apprentissage. […] Je remercie grandement la FRC et ses donateurs pour le soutien à ce projet de recherche. Sans ce soutien, le suivi longitudinal de ces enfants ne pourrait tout simplement pas avoir lieu ». – Jérôme Prado
Descriptif du projet
Environ trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France. Un environnement socio-économique défavorable affecte de façon importante les compétences académiques, cognitives et socio-émotionnelles de ces enfants. Une hypothèse récente propose que ces effets du statut socio-économique familial seraient dus à un phénomène d’adaptation cérébrale, avec une accélération du développement cérébral en réponse à un contexte environnemental défavorable. Cette accélération aurait pour conséquence de raccourcir les périodes de plasticités cérébrales qui sont fondamentales aux apprentissages. Ce phénomène pourrait même être amplifié chez les enfants qui sont déjà à risque de développer un trouble de l’apprentissage, comme la dyslexie et la dyscalculie.
Les chercheurs étudieront si le statut socio-économique familial influence le rythme de développement du cerveau chez les enfants présentant ou non un risque de troubles de l’apprentissage. Pour ce faire, l’équipe mesurera par imagerie par résonance magnétique (IRM) la morphométrie du cerveau et la connectivité des réseaux fonctionnels dans une étude longitudinale portant sur des enfants âgés de 5 à 9 ans. Ce projet tire parti d’un échantillon unique d’enfants qui sont venus au laboratoire lorsqu’ils avaient 5 ans. À cette époque, le statut socio-économique et la qualité de l’environnement d’apprentissage à la maison avaient été mesurés, tandis que les compétences précoces des enfants en matière de littératie et numératie avaient été testées. Des images structurelles et fonctionnelles du cerveau de ces enfants avaient également été obtenues.
Les chercheurs souhaitent maintenant étudier les relations entre l’environnement familial des enfants et les changements neuronaux entre l’âge de 5 et 9 ans. L’équipe cherchera également à savoir si l’environnement familial peut agir comme un facteur de risque ou de protection du développement cérébral chez les enfants présentant un risque de dyslexie et/ou de dyscalculie.
Les résultats de cette étude pourraient avoir un impact économique et sociétal important car ils permettraient d’informer sur l’impact des politiques publiques cherchant à améliorer l’environnement familial de littératie et de numératie des familles défavorisées, en particulier dans le cas des enfants à risque de troubles d’apprentissage.
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Jérôme Prado, expert en neurosciences cognitives de l’apprentissage des mathématiques et en neuroimagerie pédiatrique, collaborera avec les Drs. Eddy Cavalli et Royce Anders du Laboratoire d’Etude des Mécanismes Cognitifs de Lyon, spécialistes des troubles de l’apprentissage tels que la dyslexie.
Le chercheur
Jérôme Prado est chargé de recherche CNRS au sein du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL). Ses recherches portent sur le développement des compétences mathématiques et du raisonnement chez l’enfant : Quelles structures cérébrales permettent le développement de ces compétences ? Pourquoi certains enfants présentent des troubles de l’acquisition des mathématiques (dyscalculie) ? Quels facteurs cognitifs et sociaux influencent le développement de ces compétences ? Pour répondre à ces questions, il s’appuie sur des méthodes de psychologie expérimentale et de neurosciences cognitives, telles que l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
Le centre de recherche
Ce projet est issu d’une équipe du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon