Comprendre la douleur chronique dans la maladie de Parkinson
Mis à jour le 01/04/2025
Porteur du projet : Pascal FOSSAT – Institut des maladies neurodégénératives (IMN – Bordeaux)
Titre du projet : « La douleur dans la maladie de parkinson » : perturbations du chlore spinal induites par la neurodégénérescence dopaminergique et rôles des voies descendantes sérotonergiques.
Le projet est soutenu par l’Association France Parkinson. L’expertise scientifique a été assurée par le Conseil Scientifique de la FRC.
Montant : 49 000 €
« Je souhaiterais remercier la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau et France Parkinson d’avoir soutenu le projet. Je souhaiterais également dire que les résultats obtenus ont de réelles portées translationnelles puisque nous proposons des pistes thérapeutiques médicamenteuses nouvelles et potentiellement efficaces […]. L’aide obtenue est précieuse pour lancer des projets qui pourront bénéficier de financement plus large dans le futur. Nous avons d’ailleurs obtenu depuis un financement ANR. » – Pascal Fossat
Descriptif du projet
La maladie de Parkinson, une pathologie entraînant des symptômes moteurs bien connus comme l’incapacité à générer des mouvements et les tremblements au repos, est induite par une déplétion en dopamine dans les ganglions de la base. Au-delà de ces troubles moteurs, la douleur chronique est le principal symptôme non-moteur qui, selon les études cliniques, peut toucher jusqu’à 95% des patients parkinsoniens. Ce symptôme n’est que partiellement expliqué par la déplétion en dopamine dans les ganglions de la base. La gestion actuelle de cette douleur reste limitée aux traitements utilisés chez les patients souffrant de douleurs chroniques, avec un faible taux de réussite. Il y a donc un besoin urgent de comprendre les mécanismes sous-jacents pour soulager les symptômes douloureux dans la maladie de Parkinson.
L’objectif du présent projet est ainsi de déchiffrer les mécanismes neuronaux qui sous-tendent l’apparition et le maintien de symptômes douloureux chez les patients parkinsoniens. Les chercheurs cibleront particulièrement les mécanismes impliquant les contrôles endogènes de la douleur qui sont dépendants des systèmes monoaminergiques (dopamine, sérotonine et noradrénaline) qui eux-mêmes sont très perturbés dans la maladie de Parkinson. Les contrôles endogènes de la douleur sont composés de réseaux de neurones qui filtrent les informations douloureuses au niveau de la moelle épinière limitant la sensation douloureuse. L’hypothèse actuelle de l’équipe est que ces contrôles endogènes sont affaiblis chez les patients parkinsoniens ce qui entrainerait plus de messages douloureux vers le cerveau et plus de sensations douloureuses. Une des raisons de cet affaiblissement pourrait être une perturbation au niveau de la moelle épinière des contrôles inhibiteurs. Cette perturbation a déjà été démontrée dans des douleurs neuropathiques à la suite de lésions nerveuses non associées à la maladie de Parkinson et est principalement due à un déséquilibre du chlore. Les chercheurs étudieront tout d’abord chez un modèle murin une possible conséquence spinale (relatif à la moelle épinière) directe de la perte de dopamine sur l’équilibre du chlore. Dans un deuxième temps, ils se concentreront sur la conséquence spinale indirecte par l’altération de la voie de la sérotonine connue pour être impliquée dans l’équilibre des chlores au niveau de la moelle épinière.
Ce projet pourrait permettre de déchiffrer une partie de l’énigme de la douleur dans la maladie de Parkinson et proposer de nouvelles voies thérapeutiques pour améliorer la prise en charge des patients parkinsoniens dans le futur.
Premiers résultats
L’objectif du présent projet est de déchiffrer les mécanismes qui sous-tendent la douleur neuropathique centrale dans la maladie de Parkinson.
Dans ce projet de recherche, les chercheurs ont exploré comment une réduction des niveaux de dopamine dans le cerveau peut entraîner une augmentation de la sensation douloureuse. Ils ont découvert que cette déplétion en dopamine provoque une hyperactivité des neurones du tronc cérébral, responsables de la transmission de la douleur. Ces neurones sont des neurones à sérotonine, un neuromodulateur qui agit sur de nombreuses fonctions physiologiques (stress, sommeil, nociception) et pathologiques (anxiété, dépression). Les chercheurs ont également pu montrer qu’ils pouvaient agir sur les symptômes douloureux en inhibant ces neurones à sérotonine. Ils ont ainsi pu mettre au jour des pistes thérapeutiques potentiellement transférables en clinique, puisqu’ils ont montré que l’association de 2 molécules (des inhibiteurs des récepteurs à la sérotonine), améliorent nettement les symptômes douloureux.
Publications
Ce travail a été publié dans la revue NPJ Parkinson’s disease : Grivet, Z., Aby, F., Verboven, A., Bouali-Benazzouz, R., Sueur, B., Maingret, F., … & Fossat, P. (2025). Brainstem serotonin amplifies nociceptive transmission in a mouse model of Parkinson’s disease. npj Parkinson’s Disease, 11(1), 11.
Des posters ont été également proposés dans des congrès spécifiques :
- Involvement of 5-HT descending pathway in pain in a mouse model of Parkinsonism. FENS 2022, Paris.
- Involvement of 5-HT descending pathway in pain in a mouse model of Parkinsonism. NeuroFrance, 2023, Lyon.
- Parkinson, Pain and Serotonin. WPC, Barcelona, 2023.
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L’équipe de recherche, co-dirigée par Pascal Fossat et Abdelhamid Benazzouz, collaborera avec le laboratoire du Pr. Yves de Koninck de l’institut CERVO à Québec, l’un des plus importants centres de neurosciences du Canada. Ce partenaire, spécialiste des réseaux neurophotoniques et spinaux, sera crucial pour les analyses d’imagerie.

Le chercheur
Pascal Fossat est Professeur des universités à l’université de Bordeaux. Il co-dirige actuellement l’équipe 6 de l’Institut des Maladies Neurodégénératives qui se consacre à l’étude des mécanismes entrainant la mise en place des douleurs chroniques dans divers contextes pathologiques incluant la maladie de Parkinson. Pascal Fossat est un spécialiste des réseaux sensori-moteurs et de leur contrôle par la sérotonine. Il a publié plus de 30 articles de recherche dans des revues prestigieuses telles que Science, Science Advances, Progress in Neurobiology ou PNAS.

Projet financé par l'association France Parkinson
La FRC et ses membres lancent chaque année leur Appel à Projets en recherche sur une thématique donnée en relation avec les pathologies neurologiques et psychiatriques.
C’est dans ce cadre que l’association France Parkinson, membre fondateur de la FRC, s’est positionnée pour soutenir ce projet de recherche sélectionné par le Conseil Scientifique de la FRC, et qui pourrait avoir des conséquences intéressantes et innovantes pour améliorer la prise en charge des patients atteints de maladie de Parkinson.

Le centre de recherche
Ce projet est issu d’une équipe de l’Institut des Maladies Neurodégénératives (IMN) de Bordeaux.