L’altération de la mitophagie, un processus pathologique commun à la maladie d’Alzheimer et à la dépression ?
Porteur du projet : Pascale BELENGUER – Centre de Recherches sur la Cognition Animale (Toulouse)
Titre du projet : La mitophagie dans les nouveaux neurones du cerveau adulte : un déterminant commun à la maladie d’Alzheimer et aux troubles de l’humeur
Montant : 80 000 €
« L’aboutissement de ce projet augmentera non seulement nos connaissances dans [le domaine de la neurogénèse adulte], mais pourrait également permettre dans les années futures de développer des stratégies thérapeutiques pour les troubles de la mémoire et de l’humeur. Le financement par la FRC nous permettra de démarrer ce tout nouveau projet et de financer le fonctionnement des travaux d’une doctorante. Nous remercions donc vivement la FRC et ses donateurs sans lesquels ce projet ne pourrait pas voir le jour. » – Pascale Belenguer
En résumé
Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer et/ou de troubles dépressifs majeurs présentent des déficits cognitifs qui seraient liés à une altération de la formation de nouveaux neurones de l’hippocampe chez l’adulte. Ces nouveaux neurones seraient moins connectés et leurs mitochondries, petites structures intracellulaires essentielles à la production d’énergie cellulaire, dysfonctionnelles. Le Dr Pascale Belenguer postule que le processus d’auto-élimination des mitochondries dysfonctionnerait dans les nouveaux neurones de l’hippocampe adulte et serait commun à la maladie d’Alzheimer et aux troubles dépressifs majeurs, constituant ainsi une cible thérapeutique potentielle. Ces résultats ouvriront une nouvelle voie dans la lutte contre ces maladies du cerveau.
Descriptif du projet
Une comorbidité a été établie entre la maladie d’Alzheimer et certains troubles dépressifs majeurs, qui tous deux impactent fortement nos sociétés vieillissantes. Dans ces troubles, les déficits cognitifs observés ont été en partie liés à une altération de la formation de nouveaux neurones (neurogenèse) chez l’adulte au sein de l’hippocampe, une structure cérébrale jouant un rôle central dans la mémoire entre autre. Ces nouveaux neurones se connectent moins bien aux réseaux de neurones préexistants et leurs mitochondries sont altérées.
La présence de mitochondries fonctionnelles, petites structures intracellulaires, est nécessaire aux neurones pour assurer leur fonctionnement et leur plasticité tout au long de leur vie, notamment en assurant leurs besoins énergétiques et la gestion du calcium. La qualité des mitochondries repose principalement sur la mitophagie, un processus qui élimine les mitochondries endommagées, qui non seulement ne sont plus fonctionnelles mais peuvent devenir dangereuses provoquant la destruction des composants cellulaires et induisant la mort des neurones.
Sur la base de récents résultats de l’équipe de Pascale Belenguer qui a permis de révéler la contribution des mitochondries à la neurogenèse adulte hippocampique et à la mémoire, les chercheurs postulent que l’altération de la mitophagie dans les nouveaux neurones de l’hippocampe adulte est un processus pathologique commun à la maladie d’Alzheimer et aux troubles dépressifs majeurs, constituant ainsi une cible thérapeutique potentielle.
A l’aide de modèles murins des pathologies et de neurones en culture, les équipes chercheront à :
1) comprendre le rôle joué par la mitophagie lors de la génération et de l’intégration des nouveaux neurones dans des réseaux hippocampiques adultes sains.
2) déterminer l’état de la mitophagie dans les nouveaux neurones de modèles murins de la maladie d’Alzheimer et de dépression.
3) tester les effets de la modulation de la mitophagie dans les nouveaux neurones de l’hippocampe sur les capacités cognitives associées, altérées dans les modèles murins de la maladie d’Alzheimer et de dépression.
Ainsi, déterminer si la mitophagie dans les neurones de l’hippocampe adulte est un déterminant commun à la maladie d’Alzheimer et aux troubles dépressifs ouvrira une nouvelle voie dans la lutte contre ces maladies du cerveau.
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Deux équipes du CRCA qui collaborent depuis longtemps seront impliquées dans ce projet : l’équipe de Pascale Belenguer, experte de la dynamique des mitochondries et de la mitophagie dans le contexte de la plasticité et de la dégénérescence neuronales, et l’équipe de Claire Rampon, spécialiste de la neurogenèse adulte et des fonctions cognitives connexes dans des contextes sains, de maladie d’Alzheimer et de dépression.
Photos : Pascale Belenguer, Inserm
LA CHERCHEUSE
Après une thèse et un post-doc dans les domaines de la biogenèse des ribosomes et du cycle cellulaire, Pascale Belenguer a été recrutée à l’Université Toulouse 3 comme Maître de conférences (1992) puis Professeur (2001) de Biologie Moléculaire. Depuis 2001, elle dirige un groupe de recherche actuellement localisé au Centre de Recherches sur la Cognition Animale. L’équipe étudie la contribution des mitochondries à la plasticité neuronale dans des contextes physiologiques et physiopathologiques.
LE CENTRE DE RECHERCHE
Ce projet est issu d’une équipe du Centre de Recherches sur la Cognition Animale de Toulouse.
